La perspective d'une sixième candidature de Silvio Berlusconi comme premier ministre aux élections de février a été sérieusement mise en doute dimanche par la volonté de l'aile modérée de son parti PDL de soutenir Mario Monti pour ce poste.

Une semaine après l'annonce par le magnat de 76 ans qu'il compte de nouveau postuler à la présidence du Conseil, plusieurs dirigeants de sa formation Peuple de la Liberté (PDL) ont invité M. Monti à être le «fédérateur du centre droit», lors d'un congrès à Rome.

Le maire de Rome, Gianni Alemanno organisateur de cette réunion, a souligné que «l'objectif est de préserver l'unité du centre droit pour empêcher la gauche de gagner» les législatives de février. Selon lui, Mario Monti «est la personne indiquée» pour éviter un éclatement du PDL et fixer «un programme et des indications claires».

Le PDL, crédité de 15 à 20% au maximum dans les sondages - avec ou sans Berlusconi - contre près de 38% lors de sa victoire en 2008, est au bord de la scission.

Le congrès a été l'occasion pour d'influents catholiques comme Maurizio Lupi ou des «modérés» comme l'ex-chef de la diplomatie Franco Frattini, sceptiques quant à la nouvelle candidature de M. Berlusconi, de sortir du bois et se déclarer ouvertement favorables à la «candidature Monti».

Mais le secrétaire général du PDL Angelino Alfano a désamorcé la fronde en appelant, devant le congrès, M. Monti à être le candidat de la droite, «une occasion historique qui ne se répètera pas».

Il a rappelé que le Cavaliere lui-même avait proposé la semaine dernière de céder la place à l'ancien professeur d'économie Monti comme candidat d'un «grand rassemblement des modérés».

Dans un message envoyé au congrès, Silvio Berlusconi a réitéré son offre: «l'Italie des modérés représente la majorité du pays. S'il le souhaite, le professeur Monti qui partage mes, vos, nos idéaux, peut être le fédérateur» du centre droit.

Mercredi dernier, quelques jours après son grand «retour pour gagner», le Cavaliere avait une nouvelle fois créé la surprise en proposant de s'effacer devant M. Monti sous toute une série de conditions, lors d'une conférence de presse très confuse.

Pour le secrétaire général du PDL, miser sur Monti «éviterait de restituer le pays à la gauche», donnée victorieuse aux législatives, a-t-il dit alors qu'il n'a pas totalement réussi à rassembler l'ensemble du parti derrière un objectif commun.

Dans un autre congrès organisé par les jeunes de l'aile droite du PDL, leur chef de file Giorgia Meloni a expliqué dimanche qu'elle ne voulait ni de Monti ni de Berlusconi comme candidat premier ministre.

«Nous voulons un autre centre droit. Monti ne fait pas partie de notre horizon et une nouvelle candidature de Berlusconi serait une erreur», a-t-elle lancé. Elle a été candidate aux primaires au sein du PDL, avant que Berlusconi ne se lance dans sa sixième campagne électorale en 18 ans, ce qui a, de facto, provoqué l'annulation de ce vote.

L'ex-commissaire européen Monti n'a pas encore fait connaître sa position, mais s'est montré très froid à l'égard du Cavaliere. Le «Professeur» n'a pas digéré la décision du PDL de lui retirer son soutien au parlement il y a dix jours, suivie de déclarations tonitruantes du Cavaliere sur une Italie dans un «état pire qu'il y a un an» sur le plan économique ou s'en prenant à l'euro et à une «hégémonie allemande» en Europe.

Les milieux d'affaires et l'Église catholique pressent Mario Monti de se présenter aux élections. Il est prévu qu'il démissionnera à la fin de la semaine une fois que le budget aura été adopté et devrait annoncer sa décision dans la foulée.

Il est «monté» dimanche matin sur la colline du Quirinal pour un entretien avec le président Giorgio Napolitano dont rien n'a filtré. Le président l'avait désigné en novembre 2011 pour remplacer M. Berlusconi emporté par les scandales sexuels et de corruption et les défections au sein de sa majorité en pleine tempête sur l'euro.