Jean-François Copé, 48 ans, est officiellement devenu lundi patron de l'opposition de droite en France en devançant sur le fil l'ex-premier ministre François Fillon dans le scrutin des adhérents pour la présidence de l'UMP (droite) contesté jusqu'au bout par ces deux héritiers politiques de Nicolas Sarkozy.

Après un psychodrame de plus de 24 heures, M. Copé, l'outsider des sondages, a été proclamé vainqueur du scrutin militant pour la présidence de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) par 50,03% face à François Fillon, selon la commission interne chargée d'arbitrer les accusations de fraudes entre les deux camps.

Dans le détail, M. Copé, l'outsider, n'a obtenu que 98 voix d'avance sur François Fillon, le favori des sondages (87 388 contre 87 290), alors que plus de la moitié des 300 000 adhérents de l'UMP appelés à choisir leur président ont participé au vote dimanche.

Dès l'annonce de sa victoire, M. Copé a eu une pensée pour les deux anciens présidents de la République, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, dont il a été le ministre entre 2002 et 2007.

Après l'avoir accusé de fraudes, le maire de Meaux (50 km de Paris) a aussi appelé François Fillon à le «rejoindre» pour organiser la «reconquête» face au président socialiste François Hollande dès les élections locales de 2014.

Réagissant quelques minutes plus tard, François Fillon a «pris acte» du résultat, parlant de «nombreuses irrégularités» et de la «fracture politique et morale» qui traverse la droite.

Muet depuis sa défaite, Nicolas Sarkozy n'avait pas pris parti ni voté dimanche pour départager son ancien Premier ministre et le nouveau patron de l'UMP. Les deux tiers des sympathisants de droite souhaitent son retour dans la vie politique, selon un récent sondage.

Au total, quelque 300 000 militants étaient appelés à se choisir un nouveau chef pour trois ans, un poste capital pour se placer en pole position pour la prochaine présidentielle en 2017.

Jusqu'à lundi soir, les deux camps revendiquaient la victoire et accusaient son adversaire d'irrégularités dans l'organisation du scrutin, comme à Nice, cinquième ville de France, place forte de la droite et fief d'un proche de François Fillon.

M. Copé a parlé d'un «bourrage des urnes» dans un bureau de vote niçois où le nombre des enveloppes de vote dépassait le nombre des signatures sur la liste d'émargement.

Ce «chaos à l'UMP», selon le titre du journal Le Monde, a révélé une fracture profonde entre les partisans de Fillon, candidat du «rassemblement», et ceux de Copé, adepte d'une «droite décomplexée» pour contrer l'extrême droite du Front national.

Un député socialiste a ironisé sur la «droite décomposée», alors que la porte-parole du gouvernement a souhaité la «fin» des conflits à l'UMP et une «opposition constructive».

Le Front national s'est félicité d'assister au «crash» de la droite et espère que «beaucoup d'adhérents de l'UMP» rejoindront le parti d'extrême droite.

L'ex-ministre des Affaires étrangères et fondateur de l'UMP, Alain Juppé a dénoncé une situation «lamentable» et le risque d'«éclatement» du parti.

«Je lance vraiment un cri d'alarme, c'est l'existence même de l'UMP qui est en cause aujourd'hui, alors il faut arrêter cette confrontation», a-t-il insisté.

Hasard des dates, la situation actuelle de l'UMP rappelle celle du Parti socialiste il y a quatre ans, quand les responsables s'accusaient de fraudes pour succéder à François Hollande à la tête du PS alors dans l'opposition. La bataille avait vu la victoire controversée de Martine Aubry sur Ségolène Royal.