L'ancien chef de gouvernement social-démocrate Borut Pahor a créé une énorme surprise en devançant le chef de l'État sortant Danilo Türk (centre-gauche) au 1er tour de l'élection présidentielle en Slovénie, frappée par la crise économique la plus grave de son histoire.

Selon des sondages des chaînes de télévision à la sortie des bureaux de vote, M. Pahor a obtenu environ 42% des voix contre seulement un peu plus de 37% à l'actuel chef de l'État.

Le candidat soutenu par le parti conservateur au pouvoir, Milan Zver, serait loin derrière avec autour de 21% des voix.

Pour tous les instituts de sondages, Danilo Türk était pourtant donné largement favori de cette élection présidentielle pour laquelle 1,7 million de Slovènes étaient appelés aux urnes.

Dès les premières tendances connues, Borut Pahor, dont le gouvernement avait été renversé fin 2011 par une motion de censure contre sa douloureuse réforme des retraites et du marché du travail, a souligné que son résultat «dépassait largement ses espérances». «Je crois que le message de ce vote est clair: ensemble, nous pouvons faire plus que ce que nous imaginons», a-t-il déclaré à des journalistes.

De son côté, Danilo Türk a du mal à dissimuler sa déception, mettant en cause «une faible participation»: à 15 heures GMT, selon les chiffres officiels, seulement 35,32% des électeurs inscrits avaient voté, contre 43,3% lors du scrutin de 2007.

«C'est seulement le premier tour et c'est un avertissement lancé à la classe politique par les électeurs qui sont décus par notre politique», a-t-il lancé, tentant de faire contre mauvaise fortune bon coeur. D'ici le 2e tour, «je vais tout faire pour démontrer les différences conceptuelles entre moi et mon rival», a-t-il ajouté.

Danilo Türk, âgé de 60 ans, ancien professeur de droit qui a travaillé comme diplomate aux Nations unies, est soutenu par le principal parti d'opposition, Slovénie Positive, du maire de Ljubljana, Zoran Jankovic (centre gauche).

Borut Pahor (49 ans), a l'appui de sa formation, le Parti social-démocrate (SD), mais aussi du petit parti «Liste des citoyens», pourtant membre de la coalition conservatrice-libérale au pouvoir.

Il est vrai que la campagne des trois postulants n'avait pas soulevé grand intérêt chez les Slovènes, plus préoccupés par le chômage élevé (11,6% de la population active) et les mesures d'austérité du gouvernement de centre-droit de Janez Jansa.

Les principaux syndicats ont appelé pour le 17 novembre à une grande manifestation contre l'austérité, en particulier contre les baisses de salaires des fonctionnaires et les réductions des aides sociales.

La Slovénie traverse la crise économique la plus grave de son histoire, avec un chômage endémique (11,6% de la population active), ce qui pourrait en faire, après l'Irlande, le Portugal et la Grèce, un candidat à une bouée de sauvetage de l'Union européenne, avec l'Espagne et Chypre.

Ainsi, l'élection intervient après la mise sous surveillance négative de la note souveraine du pays par l'agence de notation anglo-saxonne Standard and Poor's, le 6 novembre, et la publication de nouveaux chiffres peu reluisants de la Commission européenne sur l'économie du pays. Bruxelles s'attend à une récession de 2,3% cette année et de 1,6% en 2013.

Le chef du gouvernement conservateur, Janez Jansa, s'est lui aussi lancé dans une politique d'austérité afin de stabiliser les finances publiques et retrouver la confiance des investisseurs afin de permettre au pays de se financer sur les marchés obligataires à des taux supportables.

Mais, à la tête de sa fragile coalition composée de cinq partis, il rencontre lui aussi des difficultés pour imposer des réformes, d'autant plus que la situation économique du pays, très dépendant des exportations, s'est dégradée dans la foulée du ralentissement de la croissance en zone euro.