La coalition de centre gauche au pouvoir formée autour du Parti démocratique des socialistes (DPS) de Milo Djukanovic, est arrivée largement en tête des élections législatives de dimanche au Monténégro, et est bien placée pour mener les négociations d'adhésion à l'Union européenne de ce petit pays des Balkans.

La coalition le «Monténégro européen» de M. Djukanovic est créditée de 46,1% de voix, largement devant la principale formation d'opposition, la coalition du Front démocratique (DF), créditée de 20% de voix, selon un sondage réalisé à la sortie des bureaux de vote par l'Université de Podgorica, présenté par la télévision nationale.

Selon ces résultats, sur les 81 sièges que compte le Parlement, la coalition du vétéran de la scène politique locale, Milo Djukanovic, n'a pas obtenu la majorité absolue, mais devrait être en mesure de former sans problème particulier une coalition majoritaire avec des partis représentant les minorités, ses alliés traditionnels.

Les premiers résultats officiels ne seront connus que lundi dans la journée.

Costume bleu foncé, sans cravate, souriant, M. Djukanovic n'a pas hésité à proclamer la victoire devant quelque 600 supporteurs rassemblés au siège de son parti.

«Chers amis, nous avons gagné. Le Monténégro va de l'avant. Nous avons réuni toutes les conditions pour oeuvrer dès demain à la formation du gouvernement qui va mener le Monténégro sur la route de l'intégration dans l'UE et l'Otan et va s'attacher à l'amélioration la qualité de vie de tous les citoyens», a-t-il lancé devant la foule qui scandait «Milo, on t'aime».

Le taux de participation à ce scrutin, où 514.000 électeurs étaient appelés à voter, a été de 70,3%.

Le DPS de Milo Djukanovic a convoqué ce scrutin six mois avant la fin du mandat du Parlement, à la recherche d'un nouveau mandat de quatre ans pour mener les pourparlers d'adhésion à l'UE entamés en juin.

Si ces résultats sont confirmés, la coalition de M. Djukanovic, 50 ans, -- le seul leader dans les Balkans dont le parti a remporté tous les scrutins depuis le début du démembrement de l'ex-Yougoslavie dans les années 1990 -- emporterait ainsi sa neuvième victoire électorale consécutive.

Artisan de l'indépendance de son pays de la Serbie en 2006, M. Djukanovic avait mené campagne en faisant appel à la fibre nationaliste de ses compatriotes, en accusant l'opposition, qui prône un rapprochement avec Belgrade, de n'avoir toujours pas accepté l'idée d'un Monténégro indépendant.

«Les enjeux sont de taille. Six ans après l'indépendance, notre État est encore fragile et nous devons le renforcer», a déclaré durant la campagne M. Djukanovic, qui a été à cinq reprises Premier ministre, et président de 1998 à 2002.

Le DF, dirigé par un ex-ministre des Affaires étrangères, Miodrag Lekic, a accusé les autorités d'être responsables de la crise économique et dénoncé la corruption qui ronge l'administration, et dont M. Djukanovic est également accusé.

Dans son rapport annuel, la Commission européenne note que le Monténégro doit «mieux faire» dans les domaines de l'Etat de droit et de la lutte contre le crime organisé et la corruption.

Dans ce pays où le taux de chômage est de 20%, la dette publique s'élève à 58% du PIB et les projections prévoient une croissance économique en 2012 de seulement 0,5%.

Des six anciennes républiques yougoslaves -- Bosnie-Herzégovine, Croatie, Macédoine, Monténégro, Serbie et Slovénie --, seule cette dernière a adhéré à l'UE, en 2004. La Croatie est appelée à intégrer l'Union en 2013.