La Russie a décidé de mettre un terme à toutes les opérations de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), qui finance notamment des associations russes très critiques à l'égard de Moscou, a annoncé mardi le département d'État.

Dans un communiqué sibyllin, les États-Unis ont indiqué «avoir été récemment informés de la décision du gouvernement russe de cesser les activités de l'USAID dans la Fédération de Russie».

Le département d'État, qui chapeaute l'USAID, s'est dit «extrêmement fier de ce que l'USAID a fait en Russie ces deux dernières décennies». Sa porte-parole Victoria Nuland a reconnu que Washington avait été informé ces derniers jours par Moscou, mais n'a pas souhaité polémiquer sur les raisons de cette décision.

Un responsable américain a toutefois dit «regretter cette décision du gouvernement russe».

«Nous restons impliqués pour soutenir la démocratie, les droits de l'homme et une société civile plus robuste en Russie», notamment en continuant à «coopérer avec des organisations non gouvernementales russes», a souligné Mme Nuland, évoquant des dossiers sur lesquels les États-Unis épinglent régulièrement la Russie.

Depuis la fin de l'Union soviétique en 1991, l'USAID a dépensé 2,7 milliards de dollars en Russie dans divers projets tels que la lutte contre le sida ou la protection de l'environnement, mais aussi en appui à des associations politiques et de défense des droits de l'homme.

L'USAID finance en particulier l'ONG Golos, qui avait dénoncé des irrégularités lors des élections législatives fin 2011. Washington avait critiqué ce scrutin et le président russe Vladimir Poutine avait accusé en retour la diplomatie américaine d'encourager la contestation à son encontre via le milieu associatif.

D'après un autre responsable américain, la secrétaire d'État Hillary Clinton a été informée de la décision russe lors du sommet de l'Asie-Pacifique (APEC) les 8 et 9 septembre à Valdivostok. Un télégramme diplomatique a été transmis le 12 septembre, puis une lettre de Mme Clinton à son homologue russe Sergueï Lavrov a été adressée ce mardi.

Son contenu n'a pas été rendu public.

Le département d'État avait assuré début septembre que la relation américano-russe était «forte», en dépit de «désaccords sur la Syrie».

Les rapports entre les anciens rivaux de la Guerre froide ont fait l'objet d'un «redémarrage» («Reset») voulu dès début 2009 par le président américain Barack Obama, notamment en matière de désarmement nucléaire. Mais cela n'a pas dissipé toutes les tensions des deux côtés.