L'Académie pontificale pour la vie, responsable des questions de morale sexuelle, fait face à une rébellion après avoir invité des scientifiques à deux réunions sur l'infertilité et les cellules souches. L'une des deux rencontres a été annulée après qu'un philosophe autrichien, membre de l'Académie, se fut plaint.

L'Académie est «en grand danger de perdre son engagement complet et pur en faveur de la vérité et son service enthousiaste envers l'enseignement magnifique et irréductible de l'Église sur la vie humaine et sa splendeur complète», a écrit Joseph Seifert, recteur de l'Académie internationale de philosophie au Liechtenstein, dans une lettre envoyée (rendue publique à la mi-mai) au président de l'Académie, Ignacio Carrasco de Paula.

Le groupe de membres qui fait des vagues est le même qui avait obtenu le départ du précédent président de l'Académie, Rino Fisichella, après qu'il eut critiqué l'excommunication d'une préadolescente brésilienne qui s'était fait avorter après un viol, en 2009. Mgr Fisichella est devenu préfet de la Congrégation pour la nouvelle évangélisation en 2010, une nomination qui est généralement liée à l'affaire brésilienne. «Il y a un proverbe en italien qui dit promuovere per rimuovere, «promouvoir pour enlever», et qui décrit bien sa nomination», explique John Allen, vaticaniste à l'hebdomadaire américain The National Catholic Reporter.

Un porte-parole de Mgr de Paula a défendu son patron dans les médias catholiques, en rappelant qu'il avait critiqué l'attribution du Nobel de la médecine en 2010 à un pionnier de la fécondation en éprouvette. Mgr de Paula atteindra à l'automne l'âge canonique de la retraite, 75 ans, ce qui pourrait faciliter une résolution discrète du problème, selon M. Allen.

La conférence sur l'infertilité a eu lieu en février à Rome et a surtout réuni des spécialistes italiens de la question. Thomas Hilgers, directeur du Centre national pour la santé des femmes à l'Institut Paul VI, au Nebraska, et membre de l'Académie, a raconté à Lifesitenews que des chercheurs ont fait entendre des murmures réprobateurs quand un participant a voulu rappeler au micro l'opposition de l'Église à la fécondation artificielle. M. Hilgers a aussi déploré qu'aucune mention n'ait été faite d'une méta-analyse parue en 2006 qui a conclu que les femmes qui prenaient la pilule anticonceptionnelle ont 29% plus de risques de souffrir d'un cancer du sein.

La conférence sur les cellules souches, qui était prévue à la fin du mois d'avril, a été officiellement annulée pour des raisons logistiques. Ses opposants déplorent que des chercheurs américains travaillant sur des cellules souches embryonnaires devaient y prendre la parole.