Les enquêteurs interrogeaient lundi un suspect et son frère dans le cadre de l'enquête sur l'attentat de Brindisi (sud-est de l'Italie) qui a coûté la vie samedi à la lycéenne Melissa Bassi, ont indiqué des sources judiciaires citées par les médias.

Des «contrôles sont en cours sur l'alibi» et l'ADN du suspect, ont indiqué ces sources. Officiellement le parquet de Brindisi n'a rien confirmé. Selon les médias, le suspect aurait été reconnu grâce aux images des caméras de surveillance installées près du lycée devant lequel a explosé un engin artisanal confectionné avec trois bonbonnes de gaz.

Il a été localisé dans l'après-midi. On avait perdu sa trace lundi matin. Son domicile a été perquisitionné et son frère a aussi été emmené au parquet pour être interrogé.

Le suspect est un homme de 45 ans, qui vivrait à 200 mètres du lieu de la tragédie et souffrirait du même handicap -- une main invalide et il boiterait -- que l'homme montré par les caméras de surveillance, selon la chaîne en continu Sky TG24. L'individu, qui touche une pension d'invalidité, arrondit ses fins de mois en réparant des téléviseurs, selon le journal Corriere della Sera.

Sur des vidéos que des journalistes ont visionnées, l'auteur de l'attentat regarde des lycéennes dont Melissa descendre d'un autobus les amenant de leur village de Mesagne, près de Brindisi, puis appuie avec sa main valide sur une télécommande pour déclencher la bombe.

L'attentat a provoqué la mort presque sur le coup de Melissa et blessé très grièvement cinq de ses camarades.

Plus de 10.000 personnes dont le chef du gouvernement Mario Monti -- revenu spécialement d'un sommet de l'OTAN aux États-Unis -- ont assisté lundi aux funérailles de l'adolescente, semblables à un enterrement d'Etat avec la présence de nombreux ministres, du président de l'Assemblée nationale et de maires de toute la région.

«Des mains assassines ont brisé tes rêves»

Dans un message lu dans la petite église de Mesagne, les parents de Melissa, qui était fille unique, ont remercié «tous les gens bien et laborieux qui depuis samedi ont prononcé (son) nom». Ce n'est pas le cas de «celui ou celle qui avec ses mains assassines a brisé tes rêves», ont-ils dit. «Toi seule pourras donner la force à tes parents de continuer», ajoute le message.

Selon le journal Il Sole 24 Ore, les enquêteurs ont notamment «passé au tamis les milieux qui gravitent autour du monde de la pédophilie». Le lycée de Melissa est spécialisé dans les métiers de la mode et est surtout fréquenté par des jeunes filles.

La ministre de la Justice, Paola Severino, a appelé à la «prudence» sur les hypothèses émises, au cours d'une conférence de presse.

«Ce qui est sûr c'est que la clef de l'horreur, ce qui a déclenché une telle violence est lié à cette école», a dit un enquêteur au journal La Repubblica.

Dès dimanche, le procureur de Brindisi Marco Dinapoli avait dit privilégier l'idée d'un «acte isolé», peut-être de quelqu'un «en guerre avec le reste du monde».

Un ex-boss de la Sacra Corona Unita (SCU), la mafia des Pouilles (région de Brindisi), a exclu toute responsabilité de cette organisation. Selon Tonino Screti, c'est l'oeuvre d'un «déséquilibré» car même les mafieux les plus féroces «ne posent pas de bombes pour tuer des innocents».

Surmontant leurs craintes, les élèves du lycée professionnel Morvillo-Falcone ont repris les cours lundi.

Les camarades de Melissa ont placé un ours en peluche à sa place vide et un message : «Ciao Melissa, tu resteras toujours dans le souvenir de ceux qui t'ont aimée. Ciao petit ange qui sourit dans le ciel», ont-ils écrit sur un billet accompagné d'un bouquet de fleurs.

Les cinq autres lycéennes blessées, certaines défigurées par leurs brûlures, manquaient à l'appel. La plus gravement atteinte, Veronica, donnée initialement pour morte, s'est réveillée après une opération de deux heures de reconstruction du thorax, en disant :»Ciao papa, fais-moi un bisou».

Le proviseur Angelo Rampino s'est félicité que «les jeunes aient réagi et soient venus en classe». «C'est la nouvelle la plus importante. Les enfants pleuraient, mais ils ont trouvé la force de revenir», a-t-il constaté.