Un ancien ministre et proche collaborateur du premier ministre de la Russie a appelé, vendredi, à la tenue d'un nouveau scrutin en lien avec les récentes élections parlementaires considérées par l'opposition comme frauduleuses, tentant du même coup d'apaiser la grogne populaire au moment où Vladimir Poutine aspire à nouveau à la présidence du pays.

L'ancien ministre des Finances Alexeï Koudrine a écrit sur son blogue que le gouvernement doit s'ouvrir à un dialogue avec l'opposition sur la tenue d'un nouveau vote, le tout dans le cadre d'une loi électorale révisée.

Cette déclaration pourrait s'apparenter à une tentative de couper l'herbe sous le pied à l'opposition sur une éventuelle contestation de l'élection présidentielle de M. Poutine, en mars.

Des dizaines de milliers de protestataires se sont réunis à Moscou pour demander un nouveau vote des législatives du 4 décembre dernier, pressant de mettre un terme aux douze années de règne de M. Poutine. Il s'agit de la plus grande démonstration de contestation populaire depuis la chute de l'empire soviétique, il y a vingt ans.

Bien que le premier ministre Poutine n'ait pas de rival sérieux en vue de l'élection présidentielle, les manifestations ont clairement témoigné d'une chute de sa popularité au sein de l'opinion publique. Il lui serait donc difficile de remporter plus de 50 pour cent des suffrages permettant d'échapper au second tour. Toute preuve de fraudes ayant aidé le parti de M. Poutine, Russie Unie, à remporter la majorité aux élections législatives - comme le remplissage des urnes -, alimenterait aussi la fureur populaire et l'éloignerait encore davantage du pouvoir.

M. Koudrine a affirmé que les autorités devraient reconnaître la fraude derrière le scrutin du 4 décembre, prédisant que le fait de s'abstenir d'un tel aveu ne ferait que nuire à la légitimité de l'élection présidentielle.

L'ex-ministre, forcé de démissionner en septembre dernier après dix ans au gouvernement pour s'être publiquement disputé sur des questions de dépenses avec le président, Dimitri Medvedev, a ajouté que le Kremlin devrait entreprendre un dialogue avec l'opposition. Il a conseillé de modifier les lois électorales et celles sur les partis politiques. M. Koudrine a ajouté que les tentatives de l'opposition pour déloger M. Poutine pourraient conduire au désordre.