L'Italie accepte mal les réformes du gouvernement «technocratique» de Mario Monti. Une grève de trois heures a paralysé hier le secteur privé et le spectre du terrorisme est réapparu. Les opposants s'insurgent notamment contre l'exemption dont bénéficie l'Église catholique. Les marchés restent nerveux.

Retraite

C'est le champ de bataille principal. Le système italien est très onéreux. Le montant maximal de gains qui donnent droit à une pension n'est pas plafonné. Les sommes versées par l'État aux retraités peuvent donc être très élevées. Les contributions des salariés varient par ailleurs de 21% à 33% du chèque de paie. Par opposition, au Québec, le montant maximal sur lequel un employé peut cotiser est de 48 300$ et le prélèvement se situe à 4,95%. Des réformes avaient déjà haussé l'âge de la retraite pour les jeunes travailleurs, mais le gouvernement Monti a effacé les exemptions pour les travailleurs plus âgés. La nouvelle loi augmentera de huit mois l'âge de la retraite pour un travailleur de 40 ans, mais fait passer de 61 à 66 ans celui d'un travailleur qui a 59 ans aujourd'hui. Le gouvernement a aussi éliminé l'indexation des pensions supérieures à 1000 euros par mois.

Marchés

Le ministère du Trésor a obtenu hier des termes légèrement plus favorables qu'en novembre pour une vente de 7 milliards d'euros d'obligations, mais en partie grâce à un coup de pouce des banques italiennes, qui ont renoncé à leur commission pour les ventes aux particuliers. La nouvelle que le financier américain George Soros a racheté à 50% de leur valeur pour 4 milliards d'euros d'obligations italiennes a aussi ravivé la confiance. Mais l'écart avec les obligations allemandes reste élevé, ce qui a fait chuter de 3,8% la Bourse de Milan. L'Italie devra refinancer le quart de sa dette, soit 300 milliards d'euros, en 2012.

Catholicisme

Des commentateurs ont attaqué l'exemption du nouvel impôt foncier dont profite l'Église catholique, propriétaire de 115 000 immeubles en Italie. Certains évoquent même un traitement de faveur. Le premier ministre Mario Monti a déjà qualifié une encyclique du pape Benoît XVI - Caritas in veritate - de «guide pour un gouvernement technocratique» et deux de ses ministres sont des membres influents d'associations catholiques du monde des affaires.

Opposition

Les syndicats du secteur privé ont tenu hier leur première grève commune en six ans, laquelle a duré trois heures. Ceux du secteur public feront de même lundi prochain. Une tentative d'attentat postal envers un ministre a blessé un policier et deux lettres contenant des balles ont été envoyées à un ministre et au maire de Rome.