Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, figure du terrorisme des années 1970, a saisi un tribunal français d'une plainte contre l'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, à qui il reproche de l'avoir fait enlever en 1994 au Soudan, a annoncé vendredi son avocate.

Charles Pasqua a «revendiqué publiquement avoir donné l'ordre de kidnapper (Carlos) à Khartoum», a indiqué dans un communiqué Me Isabelle Coutant Peyre.

Selon l'avocate, qui est aussi l'épouse de Carlos, ces «faits revendiqués» relèvent de la «complicité d'enlèvement en bande organisée suivi de séquestration» et ne sont pas prescrits.

La Cour de justice de la République, tribunal compétent pour juger les infractions imputables aux membres du gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions, a confirmé à l'AFP le dépôt de cette plainte auprès de sa «commission des requêtes», qui décidera si elle est recevable.

Carlos, qui est de nationalité vénézuélienne et aura 62 ans le 12 octobre, est détenu à la prison de la Santé à Paris.

Il doit être jugé du 7 novembre au 16 décembre pour des attentats commis en France en 1982 et 1983: dans le train Toulouse-Paris «Le Capitole» (cinq morts), au siège du magazine Al-Watan Al-Arabi rue Marbeuf à Paris (un mort), à la gare Saint-Charles de Marseille (deux morts) et dans un TGV à Tain-L'Hermitage (trois morts).

Arrêté en 1994 à Khartoum par des policiers français du contre-espionnage, il a déjà été condamné à perpétuité en 1997 pour le meurtre en 1975 de deux policiers et d'un indicateur à Paris.

La vie de Carlos, «révolutionnaire professionnel» autoproclamé au service du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), du bloc de l'Est et de lui-même, a récemment été portée à l'écran par le réalisateur français Olivier Assayas. Le film, présenté hors compétition en 2010 au Festival de Cannes, a remporté en janvier un Golden Globe aux États-Unis.

Depuis sa prison, Carlos avait vivement critiqué ce film, s'emportant contre des «falsifications de l'Histoire» et des images «ridicules».