Silvio Berlusconi, dont la cote de popularité en Italie est à un plus bas historique de 24%, a plaisanté jeudi sur le nouveau nom qu'il pourrait donner à son parti Peuple de la liberté, pour le relancer, en proposant: «Allez Minette», allusion à son goût assumé des jolies femmes.

«On va changer le nom du PDL parce que les gens ne l'aiment pas. Nous acceptons toutes les suggestions, nous ferons faire des sondages», a-t-il indiqué à des parlementaires de son parti, selon les médias. Avant d'ajouter en plaisantant: «on me dit que le nom qui aurait le plus de succès est «Forza Gnocca» (Allez Minette)», terme familier pour qualifier une femme avenante, qui étymologiquement se réfère à l'organe sexuel féminin.

Cette plaisanterie de M. Berlusconi, qui vient de fêter ses 75 ans, n'a pas été du goût de tout le monde.

Aldo Di Biagio, député du parti dissident de droite Futur et Liberté lui a dit de «cesser de se présenter à l'Assemblée pour raconter des blagues ridicules» alors que «le pays est à la dérive, les agences de cotation continuent de nous déclasser et le gouvernement a démontré qu'il n'est pas en mesure de réaliser les réformes nécessaires».

Dans une allusion aux frasques sexuelles du Cavaliere, la présidente du Parti démocrate (gauche), Rosy Bindi a estimé que «le seul parti qu'il a eu et le seul qu'il n'a pas eu besoin de fonder dans sa vie c'est celui-là, même si on ne devrait pas répondre par une blague tant la situation est tragique».

Inhabituellement, une députée du parti berlusconien PDL en charge de l'égalité des sexes, Barbara Saltamartini a réagi très négativement en jugeant cette plaisanterie «hors de propos et peu amusante».

Paola Concia, députée de gauche, figure de la défense des droits des homosexuels, a estimé qu'il ne «s'agit pas d'une boutade, c'est exactement ce qu'il pense des femmes», en le qualifiant de «vieux porc» et en appelant les femmes italiennes à ne pas voter pour le PDL, «un parti de machos».

D'autres politiciens ont à l'inverse pris la défense du Cavaliere comme son allié de la Ligue du Nord, Umberto Bossi en lançant aux journalistes: «vous êtes jaloux...».

Tandis qu'Alessandra Mussolini, députée de la majorité et petite-fille de l'ex-dictateur, a minimisé la portée de ce qui n'était «qu'une plaisanterie». «Si quelqu'un y a cru, c'est qu'il ne comprend rien», a-t-elle dit.

M. Berlusconi a été récemment rattrapé par un scandale sexuel datant de 2008-2009 dans lequel un homme d'affaires et un directeur de journal font l'objet d'enquêtes judiciaires pour avoir, dans l'espoir d'obtenir des marchés publics, incité des jeunes femmes à se prostituer.

Le Cavaliere est également jugé depuis avril à Milan dans le Rubygate pour des relations sexuelles payantes début 2010 avec une mineure Karima El Mahroug, surnommée «Ruby la voleuse de coeurs», un délit en Italie. Les journaux italiens ont publié des dizaines d'écoutes téléphoniques scabreuses et compromettantes pour M. Berlusconi.

Le Cavaliere, déjà honni des féministes, s'est attiré les foudres de l'Église italienne qui a dénoncé la semaine dernière «des comportements difficilement compatibles avec la dignité institutionnelle».