Les Suisses se prononcent dimanche par référendum sur la proposition d'interdire aux hommes de conserver leurs armes à la maison en dehors des périodes de service militaire, une pratique qui existe depuis 1874.

L'initiative veut aussi interdire aux hommes ayant achevé leur service militaire de pouvoir garder chez eux leur fusil ou arme de service. Elle propose de laisser ces armes dans un arsenal et de créer un registre fédéral.

De la sorte, les partis de gauche et les organisations pour la paix ou féminines veulent notamment empêcher les suicides et la violence conjugale. Selon eux, la Suisse présente le taux de suicides par arme à feu le plus élevé de toute l'Europe.

Mais toucher à cette tradition de l'arme à domicile, c'est toucher dans l'inconscient collectif au mythe de Guillaume Tell, s'indignent certains.

«"Notre armée est notre fiancée", nous enseigne-t-on à l'école de recrues», explique le président des Jeunes UDC à Genève, Xavier Schwitzguebel, interrogé par l'AFP. «L'armée de milice suisse est fondée sur la confiance entre l'État et le soldat-citoyen».

«Cette initiative n'est qu'une tentative supplémentaire d'affaiblir notre armée afin de la supprimer. Notre armée fait partie de nos valeurs», déplorent de leur côté les libéraux-radicaux.

Le gouvernement suisse, également opposé à l'initiative, relève que les hommes et femmes qui font le service militaire ont déjà le devoir de laisser les cartouches à la caserne. Berne fait aussi valoir que l'«arme personnelle fait partie de la disponibilité fondamentale d'une armée crédible» et qu'elle est «l'expression de l'attachement et de la confiance liant notre État et ses citoyens».

Car garder l'arme militaire dans l'armoire familiale fait en quelque sorte partie de la doctrine de défense de la Suisse (environ 200 000 soldats) qui repose sur sa capacité à mobiliser des milliers de réservistes armés.

Par ailleurs la loi sur les armes autorise les plus de 18 ans à posséder des armes, sous certaines conditions.

Selon le ministère helvétique de la Défense, environ deux millions d'armes à feu circulent dans la Confédération, une pour un peu plus de trois habitants, et environ 240 000 armes ne sont pas enregistrées.

Pour que l'initiative passe, elle doit être acceptée par la majorité des Suisses et celle des cantons.

Selon un sondage de l'Institut suisse gfs publié le 2 février, les partisans perdaient de leur avance à 47% des voix, contre 45% de non et 8% d'indécis.