La chancelière allemande Angela Merkel va tenter lundi de rallier ses troupes lors du congrès de son parti conservateur, avant une année électorale qui s'annonce parmi les plus difficiles de sa carrière politique.    

Popularité en berne, casse-tête du nucléaire, mouvements de citoyens mécontents, Angela Merkel se présente avec un bilan mitigé devant les 1.001 délégués de l'Union démocrate-chrétienne (CDU) rassemblés jusqu'à mardi à Karlsruhe (sud-ouest).

«Elle a perdu beaucoup de crédit» depuis sa réélection comme chancelière en 2009, explique à l'AFP le politologue Gero Neugebauer. L'action de son gouvernement est dans l'ensemble jugée négativement par la population et la CDU prend lentement ses distances avec Madame Merkel».

«Elle a perdu de son éclat sur la scène internationale et n'est plus la femme la plus puissante du monde mais seulement une parmi les puissants de ce monde», ajoute-t-il.

Après quatre ans à diriger une «grande coalition» avec les sociaux-démocrates, la chancelière de 56 ans avait été confortablement portée à la tête d'une coalition avec ses alliés libéraux du FDP à l'automne 2009.

Mais Angela Merkel se voit aujourd'hui reprocher des déchirements au sein de son gouvernement sur des dossiers aussi lourds que les coupes dans les budgets sociaux ou les baisses d'impôts.

Sa réélection lundi à la tête d'un parti qu'elle dirige depuis dix ans semble acquise en l'absence d'opposant réel au sein de sa formation. Mais les analystes politiques scruteront son score, indice de sa popularité au sein d'un parti qui compte 520.000 membres.

L'accueil qui sera réservé à son discours prévu lundi en milieu de journée devrait également fournir un bon indice du soutien dont elle bénéficie.

Première femme à diriger la CDU, sans enfant, protestante et ayant grandi en RDA, Angela Merkel n'a jamais eu la tâche facile dans un parti dominé par les barons catholiques ouest-allemands.

Son accession au pouvoir en 2005 avait fait taire les voies discordantes ainsi que la grande popularité dont elle a ensuite longtemps joui auprès des Allemands.

«C'est une animatrice merveilleuse, capable de réunir différentes forces (sous son nom). Mais elle n'arrive pas à avoir le charisme d'une responsable politique authentique qui agit et qui a un profil clair», explique Peter Walschburger, professeur de psychologie à l'Université libre de Berlin.

«Au sein de la CDU une question émerge: combien de temps cela va-t-il encore durer?, analyse M. Neugebauer. Les élus régionaux craignent que la politique menée à Berlin n'ait des répercussions dans leurs circonscriptions».

Or la CDU, qui a passé 40 de ses 65 ans d'existence au pouvoir, est confrontée à des échéances électorales qui pourraient s'avérer fort douloureuses. Les électeurs de six des 16 États régionaux sont appelés aux urnes l'an prochain, notamment dans le fief conservateur du Bade-Wurtemberg (sud-ouest).

La démocratie-chrétienne est confrontée dans ce Land, où elle règne sans partage depuis 58 ans, à un mouvement de protestation spectaculaire qui s'est cristallisé autour de la construction d'une nouvelle gare à Stuttgart.

Depuis sa prise de pouvoir, Angela Merkel s'est efforcé de déplacer son parti vers le centre de l'échiquier politique, au grand dam de l'aile conservatrice qui ne cesse de grincer des dents.

«Les metteurs en scène du congrès (de Karlsruhe) vont tenter de délivrer une image d'unité et de solidarité, poursuit M. Neugebauer. Je pense que les conflits n'apparaîtront pas au grand jour (...) ce qui ne signifie pas qu'ils sont surmontés pour autant».