L'accès à la raffinerie de Grandpuits, en région parisienne, dont le dépôt a été réquisitionné par le gouvernement, a été dégagé vendredi matin par les forces de l'ordre lors d'une intervention qui, selon les syndicats, a fait trois blessés légers.

Les forces de l'ordre, agissant à mains nues et sans casque, ont poussé les manifestants pour dégager le portail de la raffinerie. Le ministère de l'Intérieur a affirmé que cette intervention s'était déroulée «dans le calme» et sans incident.

«Ce n'est pas la raffinerie qui est réquisitionnée, c'est le stock de dépôt», a précisé le ministre de l'Énergie Jean-Louis Borloo.

«L'unique objectif de cette opération est de rendre disponibles les stocks de carburant de cette raffinerie en vue de faire face aux besoins de la population de la région parisienne», a ajouté le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

«Elle vise notamment à permettre aux services publics et tout particulièrement aux services de secours et de santé d'accomplir leurs missions au service de nos concitoyens, mais aussi d'assurer à chacun la liberté de circulation», a ajouté le ministère.

La loi prévoit qu'«en cas d'urgence, lorsque l'atteinte constatée ou prévisible au bon ordre, à la salubrité, à la tranquillité et à la sécurité publiques l'exige», le préfet peut «réquisitionner tout bien ou service, requérir toute personne nécessaire au fonctionnement de ce service».

Le coordinateur CGT du groupe Total, Charles Foulard, a dénoncé une «charge scandaleuse». «Les collègues blessés, un syndicaliste et deux salariés, ont reçu des coups de pied», a-t-il dénoncé.

«Comment peut-on accepter dans un pays des droits de l'homme d'entraver les salariés» en les empêchant «d'exercer le droit constitutionnel, le droit de grève? Nous sommes une entreprise de droit privé, c'est une première», a-t-il dénoncé.

Les grévistes, qui ne comptent pas en rester là, ont évoqué la possibilité d'un recours à la justice. «Nous allons nous réunir avec les organisations, ensuite débattre avec les salariés pour voir comment nous allons continuer la lutte», a prévenu M. Foulard.

Les 12 raffineries du pays sont paralysées et plusieurs dépôts de carburant bloqués, parfois de manière temporaire, dans des actions qui sont devenues le principal moyen de pression dans le cadre de la contestation contre la réforme qui prévoit de reculer l'âge minimal de départ à la retraite de 60 à 62 ans.

Concernant les quelque 90 dépôts de carburants, 14 sont encore bloqués et ces dernières 48 heures, trois ont été débloqués par les forces de l'ordre.

Environ 20% des stations de carburant sont à sec, a affirmé vendredi matin le ministre de l'Énergie Jean-Louis Borloo qui a évoqué une «lente amélioration», alors que débutent ce week-end les vacances de la Toussaint.

Un autre incident s'est déroulé dans la banlieue de Toulouse, dans le sud-ouest du pays, où quelque 200 manifestants qui voulaient bloquer un dépôt de carburant Total dans la banlieue nord de Toulouse ont été repoussés par les forces de l'ordre qui ont utilisé des gaz lacrymogènes, a indiqué la CGT.

Des barrages ont perturbé aussi vendredi matin certains accès des grandes villes de l'Ouest, notamment Brest, Nantes, Le Havre, Lorient ou Vannes.