Un modéré, Bakir Izetbegovic, était pressenti pour être élu comme représentant musulman à la présidence collégiale de Bosnie, écartant le président sortant Haris Silajdzic, importante personnalité de la communauté musulmane depuis la guerre de 1992-1995.

Bakir Izetbegovic recueille 34% des voix, loin devant Haris Silajdzic, qui se représentait de nouveau à la présidence collégiale et qui n'obtient que 25% des suffrages, selon des résultats partiels des élections générales de dimanche portant sur 74% des bureaux de Bosnie dont les résultats ont été dépouillés.

Haris Silajdzic, qui a développé des positions très fermes à l'encontre des Serbes de Bosnie, arrive même en troisième position, après Fahrudin Radoncic, un homme d'affaires propriétaire du plus grand groupe de presse du pays, qui recueille 30% des voix, selon ces mêmes résultats partiels communiqués par la Commission électorale.

La présidence collégiale bosnienne, dont les pouvoirs sont notables en matière notamment de politique étrangère et de défense, se compose de trois représentants, un Musulman, un Serbe et un Croate.

En ce qui concerne le représentant croate, Zeljko Komsic paraît assuré d'être réélu avec 58% des suffrages, portant sur 74% des bureaux de vote.

Chez les Serbes de Bosnie, le représentant sortant à la présidence collégiale, Nebojsa Radmanovic, recueille 50% des suffrages, suivi d'assez près par Mladen Ivanic, avec 47%. Les résultats portent là sur 66% des bureaux de vote.

Mladen Ivanic est le candidat d'une coalition des partis d'opposition à Milorad Dodik, Premier ministre sortant et homme fort de la Republika Srpska, l'entité des Serbes de Bosnie.

Bakir Izetbegovic, 54 ans, est le fils d'Alija Izetbegovic, qui fut une figure emblématique de la communauté musulmane pendant la guerre et l'un des principaux artisans de l'indépendance de la Bosnie de la Yougoslavie.

La percée de Bakir Izetbegovic représente un revers de taille pour Haris Silajdzic, qui était une personnalité incontournable de la communauté musulmane de Bosnie depuis la guerre.

Bakir Izetbegovic s'est prononcé en faveur du dialogue avec les Serbes de Bosnie, alors que Haris Silajdzic tenait au contraire des propos très durs sur la volonté des Serbes de maintenir l'autonomie de leur entité, la Republika Srpska (RS).

Dans une interview récente à l'AFP, Bakir Izetbegovic avait tendu la main en direction de Banja Luka, la capitale de la RS, pour relancer les réformes dans le pays.

«Le temps des conflits est passé (...) On doit tenter le dialogue», avait déclaré récemment M. Izetbegovic à l'AFP.

Les résultats en Republika Srpska, où Milorad Dodik briguait le poste de président, devaient être connus plus tard dans la nuit de dimanche à lundi.

Les Bosniaques avaient à renouveler dimanche les institutions centrales et régionales de leur pays.

Ces élections sont considérées comme cruciales car la Bosnie est bloquée dans ses réformes depuis les dernières élections générales, en 2006, entravant sa progression vers l'Union européenne.

Ce blocage s'explique en particulier par le bras de fer entre les musulmans de Bosnie qui souhaitent une plus grande centralisation de l'État central bosniaque et les Serbes de Bosnie qui s'y opposent, souhaitant préserver l'autonomie de la Republika Srpska.

Les Européens souhaitent aussi une plus grande centralisation pour faciliter la mise en oeuvre des réformes dans le pays.

«Il appartient maintenant de décider où le pays va aller», avait résumé le Haut représentant de la communauté internationale en Bosnie, Valentin Inzko.

De nombreux électeurs de Sarajevo ont exprimé dimanche à la sortie des bureaux de vote leur lassitude devant les querelles entre représentants politiques des différentes communautés, et souhaité des changements.