Les diplomates italiens en poste à Rome et dans le monde ont fait grève lundi pour protester contre les coupes budgétaires imposées à leur ministère par le plan d'austérité du gouvernement de Silvio Berlusconi, accusé de «démanteler» la diplomatie transalpine.

Le mouvement a touché aussi bien la Farnesina, siège du ministère des Affaires étrangères à Rome, que «les 325 représentations italiennes à l'étranger (ambassades, consulats, représentations permanentes et instituts culturels)», a indiqué le Sindame, principal syndicat des fonctionnaires du ministère, précisant que 90% de ses adhérents avaient suivi le mouvement.

«Il s'agit d'une adhésion massive», a souligné la présidente du Sindame, Cristina Ravaglia, précisant que «des ambassades entières, comme celle de Berlin, sont restées fermées».

La grève a été organisée à la veille de la conférence des ambassadeurs italiens mardi et mercredi à la Farnesina, mais aussi le jour même où le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini se trouvait à Bruxelles pour le lancement du service diplomatique de l'Union européenne, un nouvel instrument qui inquiète nombre de chancelleries nationales.

Pour le syndicat, «le démantèlement de la Farnesina découlant des coupes dans les ressources nécessaires au fonctionnement du ministère, prévues par le plan d'austérité, déclenchera un processus qui pourrait bientôt mettre l'Italie sur la touche».

Le plan d'austérité de 24,9 milliards d'euros (environ 33,4 milliards de dollars canadiens) prévoit notamment un gel de trois ans des salaires des fonctionnaires et une réduction de 10% des budgets des ministères.

Dans une lettre adressée la semaine dernière à MM. Berlusconi et Frattini ainsi qu'au ministre de l'Economie Giulio Tremonti, le gotha de la diplomatie italienne a exprimé ses craintes face «à la progressive paralysie fonctionnelle» du ministère.

M. Frattini a lui-même déclaré avoir «vu des règles absurdes» dans le texte du gouvernement, citant par exemple les avancements de carrière sans augmentation de salaire.

Le plan d'austérité doit permettre à Rome de ramener le déficit public à 2,7% du PIB en 2012 contre 5,3% en 2009 afin de rassurer les marchés alors que l'Italie affiche l'une des dettes publiques les plus élevées du monde, qui devrait représenter 118,4% du PIB cette année.