Max Göldi, conduit en prison en février, après s'être réfugié à l'ambassade suisse., retenu en Libye depuis près de deux ans, était en route dimanche soir pour la Suisse, après un accord entre les deux pays marquant un pas vers un début de normalisation de leurs relations.

M. Göldi, libéré jeudi de prison, était attendu dans la nuit dans son pays natal où il doit arriver en compagnie de la chef de la diplomatie helvétique, Micheline Calmy-Rey, a expliqué le ministère des Affaires étrangères.

Il avait quitté Tripoli en début de soirée par un avion de ligne à destination de Tunis, la capitale tunisienne où il a retrouvé la ministre.

L'homme d'affaires âgé de 54 ans a pris l'avion quelques heures après la signature d'un accord permettant une sortie de la crise, née de l'arrestation musclée en juillet 2008 à Genève d'Hannibal Kadhafi, fils du dirigeant libyen, et de son épouse, accusés de maltraitance par leurs deux domestiques.

M. Göldi était précédé par les ministres des Affaires étrangères suisse Micheline Calmy-Rey et espagnol Miguel Angel Moratinos, qui avaient quitté Tripoli après un entretien avec le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, en présence du chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi.

Les deux ministres ont négocié avec les dirigeants libyens un accord permettant le départ de M. Göldi.

«Ceci est un soulagement pour lui et pour nous. Mais aussi un début de normalisation des relations entre la Libye et la Suisse», a expliqué Mme Calmy-Rey après la signature du «plan d'action».

Après l'arrestation d'Hannibal Kadhafi, les autorités libyennes avaient arrêté en juillet 2008 Max Göldi et un autre homme d'affaires suisse, Rachid Hamdani.

Hamdani a pu quitter la Libye le 23 février, mais M. Göldi a purgé une peine de quatre mois de prison pour «séjour illégal» en Libye avant d'être libéré.

Le «plan d'action», signé également par l'Espagne et l'Allemagne en tant que garants, stipule la constitution d'un «tribunal d'arbitrage» pour enquêter sur les circonstances de l'arrestation d'Hannibal Kadhafi.

Ce «tribunal d'arbitrage», qui se tiendra à Berlin, a déjà fait l'objet d'un accord entre Tripoli et Berne, mais les deux pays ne s'étaient pas entendus jusque-là sur son application.

Selon ce plan, la Suisse exprime par ailleurs ses «excuses» après la «publication illégale» des photos d'identité d'Hannibal Kadhafi au moment de son arrestation. Berne s'engage aussi à poursuivre en justice les responsables de cette fuite.

Selon le chef de la diplomatie libyenne, Moussa Koussa, la justice suisse «a donné raison à Hannibal et décidé une indemnisation de près de 1,5 million d'euros» pour la fuite des photos prises par la police lors de son arrestation et le montrant mal rasé, hirsute et l'air hagard.

Après l'arrestation de ses deux ressortissants, la Confédération helvétique avait décidé en 2009 de restreindre pour l'élite libyenne l'attribution de visas permettant d'accéder aux pays de l'espace Schengen -dont elle est membre associé-, impliquant ainsi l'Union européenne dans le contentieux.

Tripoli avait répliqué en février en annonçant des restrictions de visas à l'encontre des ressortissants des pays de l'espace Schengen, provoquant la colère de plusieurs capitales européennes et finalement une médiation de Bruxelles.

La Libye avait déjà pris en 2008 des mesures de rétorsion à l'encontre de Berne, retirant ses avoirs des banques suisses et expulsant les sociétés helvétiques installées en Libye, outre l'annonce de l'arrêt de ses exportations de pétrole vers la Confédération.

Tripoli a fini par annoncer en mars un «embargo économique total» sur la Suisse et Mouammar Kadhafi est allé jusqu'à appeler au jihad contre ce pays, après l'interdiction de la construction de minarets dans la Confédération.