Les députés britanniques -dont plus de 200 nouveaux venus- s'installent mardi dans une chambre des Communes totalement remodelée par la victoire électorale des conservateurs alliés aux libéraux démocrates, et par une vague de départs liée à un scandale des défraiements.

Pour la première fois depuis l'élection législative du 6 mai, les députés devaient s'asseoir mardi après-midi sur les sièges vert olive de la chambre basse du parlement de Westminster, dans le centre de Londres.

Vainqueur du scrutin avec 306 sièges sur 649 (une partielle est prévue le 27 mai pour le 650è et dernier siège à pourvoir), le parti conservateur a décroché le droit de prendre place sur le côté réservé au parti majoritaire, à la droite du Speaker, le président des Communes, après 13 ans passés dans l'opposition.

Le nouveau premier ministre David Cameron, entré à Westminster en 2001, n'a connu jusqu'à présent que les bancs de l'opposition.

Il sera rejoint dans les travées de la majorité par le parti libéral- démocrate avec qui il a formé la première coalition depuis la Seconde guerre mondiale. Les 57 députés Lib Dems siègent du côté droit pour la première fois depuis 65 ans.

David Cameron et son vice-premier ministre, le «Lib Dem» Nick Clegg, seront assis côte à côte.

La chambre des Communes compte désormais plus d'un tiers de nouveaux visages -226 sur 649- dans le sillage du scandale des défraiements excessifs qui a éclaté en mai 2009.

Au nombre des abus impliquant près de 400 députés figurent le remboursement de films pornos, la fabrication d'un abri flottant pour canards, le nettoyage de douves ou des intérêts pour des prêts immobiliers inexistants.

Ce scandale a entraîné plusieurs démissions, dont celle du Speaker Michael Martin, et incité de nombreux élus à ne pas briguer un nouveau mandat. Certains ont tenté en vain leur chance devant les électeurs, à l'instar de l'ex-ministre de l'Intérieur Jacqui Smith.

Les choses sérieuses ne commenceront pour ce nouveau parlement que le 25 mai, à l'occasion du discours de la reine, lorsque la souveraine lira le programme chargé du gouvernement. Cette lecture sera suivie d'un débat parlementaire, puis d'un vote de confiance.

Downing street a indiqué mardi que le programme législatif serait dominé par les thèmes de «la liberté, de l'équité et de la responsabilité». «Il reflètera les priorités du gouvernement en matière de réduction du déficit, et de réformes politique et du service public».

Avant cela, les députés devaient s'employer à élire leur Speaker.

Ce qui est d'ordinaire une formalité s'annonçait cette fois plus compliqué. Plusieurs députés ont appelé à ne pas reconduire le président sortant, le conservateur John Bercow, choisi en juin dernier sous un gouvernement Labour.

S'il conserve sa position, les députés commenceront à prêter serment dès mercredi après-midi, à l'occasion d'une procédure qui devrait s'étendre jusqu'au début de la semaine prochaine.

Mais si un seul député répond «Non» mardi après-midi à la question de savoir si M. Bercow peut reprendre son poste de président, un vote formel sera nécessaire.

La dernière fois qu'un Speaker n'a pas été reconduit remonte à 1835.

Le Speaker est le premier à prêter serment, suivi par les membres du Cabinet et du «Cabinet fantôme» de l'opposition, puis les ministres et ensuite les députés par ordre d'ancienneté aux Communes. Ils ont le choix de le faire en jurant sur le Nouveau Testament, l'Ancien Testament (en hébreu ou en anglais), le Coran, le Granth (livre saint des Sikhs), la Bible en gallois ou en gaélique.