Un demi-million de personnes ont participé jeudi à la messe célébrée par Benoît XVI à Fatima prouvant ainsi, selon l'Église, que le peuple chrétien soutient son pape face à la crise des scandales de pédophilie.

Selon le porte-parole de l'épiscopat portugais, «environ un demi-million» de personnes assistaient jeudi matin à la messe papale, soit «plus qu'en 2000», lors du dernier pèlerinage de Jean Paul II à Fatima, a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'épiscopat portugais.

«Les chrétiens ont voulu envoyer un message et dire que le pape, et celui-ci en particulier, est très aimé», a estimé le père Manuel Morujao.

«En ce qui concerne la crise et les scandales, le peuple a voulu montrer qu'il sait faire la distinction entre les exceptions (des affaires de pédophilie dans le clergé) et la très grande majorité des prêtres», a-t-il affirmé.

Les chiffres de l'Église n'ont pas été confirmés de source indépendante mais, selon les forces de sécurité, l'esplanade du sanctuaire de Fatima, d'une capacité de 300 000 personnes, était «bondée» et des dizaines de milliers de pèlerins «ont dû être bloqués, faute de place», se massant dans les espaces alentour.

De nombreux fidèles avaient passé la nuit sur le parvis, dormant à la belle étoile malgré la pluie et la fraîcheur des températures nocturnes.

La messe a débuté peu avant 10H00 (5h30 HNE), après que le pape s'est recueilli dans la chapelle des Apparitions, comme il l'avait fait la veille de son arrivée à Fatima, coeur de son pèlerinage de quatre jours au Portugal.

Juste avant la messe, la statue de la Vierge de Fatima, reposant sur un lit de roses blanches, avait été portée jusqu'à l'autel, précédée par une procession d'évêques tout de blanc vêtus, pendant que les pèlerins entonnaient l'Ave Maria.

Jean Paul II, convaincu que la Vierge de Fatima lui avait sauvé la vie lors de l'attentat commis contre lui le 13 mai 1981 à Rome, avait offert au sanctuaire la balle qui l'avait grièvement blessé, et qui est aujourd'hui enchâssée dans sa couronne.

Selon la foi catholique, la Vierge aurait révélé aux bergers de Fatima en 1917 trois «secrets», jugés prophétiques de l'Histoire du 20e siècle.

Si les deux premiers «secrets» étaient connus depuis le début des années 40, le troisième n'a été rendu public qu'en mai 2000 lors de la dernière visite de Jean Paul II à Fatima, la hiérarchie catholique «révélant» alors qu'il prédisait l'attentat contre le pape polonais.

Mardi, dans l'avion qui l'amenait au Portugal, Benoît XVI avait élargi l'«interprétation» de ce secret à la lumière de la crise qui secoue l'Eglise depuis le début, en novembre, de la vague de scandales pédophiles impliquant des membres du clergé, en Europe et partout dans le monde.

Le pape avait déclaré qu'«en plus de cette grande vision de la souffrance du pape», le message de Fatima faisait aussi référence aux «réalités de l'avenir de l'Eglise qui peu à peu se développent et se manifestent».

«Il est vrai qu'au-delà (...) de la personne du pape (...), ce sont des souffrances de l'Eglise qui sont annoncées», avait déclaré Benoît XVI.

Mercredi soir, célébrant les vêpres avec plusieurs milliers de membres du clergé portugais, le pape les a appelés à rester «fidèles» à leur «vocation» et à s'«aider réciproquement» à «rester debout».

«Réservez une attention particulière aux situations d'affaiblissement des idéaux sacerdotaux ou bien au fait de se consacrer à des activités qui ne s'accordent pas complètement avec ce qui est le propre d'un ministre de Jésus Christ», leur a-t-il conseillé.

Benoît XVI est le troisième pape à se rendre en pèlerinage à Fatima, après Paul VI en 1967, puis Jean Paul II en 1982, 1991 et 2000.