Le nouveau premier ministre conservateur David Cameron et son numéro deux le libéral Nick Clegg ont fait mercredi de l'économie la priorité de leur gouvernement, tout en défendant la solidité d'une coalition «historique» sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale.

«Il s'agit d'une aventure commune et non d'équipes concurrentes», a assuré David Cameron dans la première conférence de presse conjointe de la coalition depuis son acceptation mardi soir par les partis concernés.

Dans une mise en scène à l'américaine voulant visiblement rompre avec la sobriété du gouvernement précédent, le nouveau tandem à la tête du pays s'est adressé aux journalistes dans le jardin ensoleillé de Downing Street, bureaux du premier ministre.

«Ce sera une administration unie derrière un objectif clef: donner à notre pays le gouvernement fort, stable et décisif qu'il nous faut», a asséné M. Cameron, citant parmi les «défis» à relever un «terrible héritage économique», dans une allusion aux 13 ans de gouvernements travaillistes, dont trois sous l'ancien premier ministre Gordon Brown.

Tandis que certains médias doutaient de la durabilité du mariage de raison entre des conservateurs largement à droite et des Lib Dems de centre-gauche, le vice-premier ministre Nick Clegg a à son tour promis «un gouvernement stable», «qui va durer» et capable de «réformes radicales».

«Il y aura des secousses et des égratignures en route», a-t-il reconnu, mais «nous sommes unis autour d'un objectif commun».

Faisant assaut de politesse après une campagne où ils ne s'étaient pourtant épargné aucune pique, les deux hommes ont inscrit la coalition sur une durée de «cinq ans», le nouveau mandat fixe qu'ils veulent imposer au Parlement, mettant ainsi fin au système actuel où le premier ministre peut décréter des législatives à peu près quand bon lui semble.

Cinq ministres libéraux, dont Nick Clegg, ont promis de «travailler main dans la main» avec les conservateurs et des Lib Dems seront représentés à «tous les niveaux» du gouvernement, a assuré David Cameron, évoquant plusieurs fois un gouvernement «historique» et une «nouvelle façon de faire de la politique».

Parmi les priorités de la nouvelle équipe, la réduction du déficit public et la poursuite de mesures pour assurer la reprise économique sont «le problème le plus urgent», selon l'accord de coalition.

Le gouvernement entend mettre fin à la hausse des cotisations sociales voulue par les travaillistes et indique «que des baisses de dépenses modestes, de l'ordre de 6 milliards de livres (7 milliards d'euros) sont possibles» sur l'année en cours. Les projets de réduction du déficit seront présentés lors d'un «budget d'urgence» qui se tiendra dans les 50 jours et une taxe spécifique sur les banques sera levée.

Dans une concession majeure des libéraux europhiles aux Tories eurosceptiques, la coalition promet de ne pas abandonner la livre au profit de l'euro, durant toute durée de la législature. Les libéraux avaient fait campagne sur leur ambition «à long terme» d'adopter la devise européenne.

La liste des membres du gouvernement n'était pas encore finalisée dans l'après-midi. Parmi les cinq postes libéraux, outre Nick Clegg, Vince Cable est promu au Commerce.

Du côté des conservateurs, ont notamment été confirmés les postes de George Osborne aux Finances, de l'eurosceptique William Hague, aux Affaires étrangères et de Liam Fox à la Défense. Theresa May prend l'Intérieur et Kenneth Clarke la Justice, 69 ans.

«Le temps est venu de relever ses manches», a dit le nouveau ministre des Finances, George Osborne.

La Bourse était en hausse de près de 1% en fin d'après-midi. «Nous jugerons la nouvelle administration en fonction de ce qu'elle va faire pour promouvoir la reprise des affaires à travers le Royaume-Uni», a averti David Frost, directeur général de la Chambre de commerce britannique (BCC).