Un lourd revers pour Angela Merkel: d'après les résultats définitifs, sa coalition de centre-droit a perdu dimanche les élections en Rhénanie du Nord-Westphalie, une défaite qui prive la chancelière allemande de sa majorité à la chambre haute du Parlement fédéral, le Bundesrat.

La CDU (Union chrétienne-démocrate) d'Angela Merkel a remporté 34,6% des suffrages, soit 10 points de moins que lors du précédent scrutin en 2005, et leur pire score depuis 1945. Les libéraux du FDP emportent 6,7%, sur la totalité des circonscriptions dépouillées.

L'opposition, les sociaux-démocrates du SPD ont obtenu 34,5% des voix, les Verts 12,1%, et les radicaux de La Gauche 5,6%. Le score de l'opposition ne permet cependant pas encore de savoir le gouverneur chrétien-démocrate sortant, Jurgen Ruttgers, devra abandonner cette région de 18 millions d'habitants. Les sociaux-démocrates alliés aux Verts sont en dessous de la majorité, avec respectivement 67 et 23 élus. Ils devront donc composer un attelage inédit à ce jour avec la Gauche (11 élus), ou tenter une grande coalition régionale avec les conservateurs, qui détiennent 67 sièges désormais, les Libéraux en conservant 13.

Ce scrutin organisé dans ce land du sud de l'Allemagne, le plus peuplé du pays, était le premier test électoral du second mandat de Mme Merkel, entamé en octobre à la tête d'une coalition rassemblant chrétiens-démocrates (CDU/CSU) et libéraux (FDP).

Cette échéance a plané sur les efforts européens pour résoudre la crise grecque. L'opposition avait imputé les réticences premières d'Angela Merkel à débloquer des fonds pour Athènes à la proximité de ce scrutin, accusant la chancelière de vouloir éviter de prendre une décision impopulaire juste avec l'élection.

Quelque 13,5 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dimanche en Rhénanie du Nord-Westphalie. Ce land de l'ouest du pays, qui comprend notamment Cologne, Dusseldorf et la région industrielle de la Ruhr, a été dirigé par le SPD pendant près de 40 ans avant de tomber dans l'escarcelle de la CDU en 2005.

«Cela sonne bien sûr comme un avertissement pour les partis au gouvernement et le peuple doit savoir qu'il a été entendu», a expliqué le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle, du FDP. «Nous devons faire un effort pour regagner la confiance perdue en travaillant dur et bien».

«C'est un résultat décevant à tout point de vue», a confirmé Wolfgang Bosbach, un parlementaire influent de la CDU.

L'image de la coalition de Mme Merkel a souffert de divisions internes et de la crise de la dette en Grèce.

«Il y a trop de disputes sur la scène publique», a confirmé dimanche soir un collaborateur de la chancelière. Le secrétaire général des chrétiens-démocrates, Hermann Grohe, a lui pointé «l'incertitude générale, les inquiétudes des gens concernant la stabilité de l'euro, la situation en Grèce».

Une majorité d'Allemands étaient opposés à une aide financière à Athènes et la chancelière s'est vu reprocher ses atermoiements dans ce dossier. Le Parlement a finalement approuvé l'octroi d'un prêt de jusqu'à 22,4 milliards d'euros sur trois ans dans le cadre de l'aide triennale à la Grèce de 110 milliards d'euros accordée par les 15 autres pays de la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI). «Une monnaie stable est l'alpha et l'oméga de la prospérité et de la sécurité», s'est justifiée Mme Merkel samedi.

La coalition au pouvoir -CDU/CSU et libéraux du FDP- tient 37 des 69 sièges au Bundesrat, qui représente les 16 Etats régionaux. Perdre les six de Rhénanie du Nord-Westphalie va obliger Mme Merkel à marchander avec l'opposition pour faire passer la plupart de son programme et compromettre probablement une réduction des impôts censée donner un coup de fouet à l'économie, mais à laquelle les sociaux-démocrates (SPD) du centre-gauche s'opposent.

Plus que la Grèce, les dissensions internes à la coalition au pouvoir à Berlin ont sans doute aussi pesé sur les élections de dimanche. Libérée l'an dernier de la grande coalition avec le centre-gauche, la CDU/CSU est aujourd'hui confrontée à des divergences de vues avec le FDP, qui milite notamment pour d'importantes et rapides réductions d'impôts.