Les candidats des trois principaux partis qui s'affrontent aux élections législatives britanniques du 6 mai ont ciblé lundi les circonscriptions indécises à trois jours de l'un des scrutins les plus disputés depuis des décennies.

Si les conservateurs de David Cameron ont creusé leur avance sur leurs principaux rivaux - les travaillistes de Gordon Brown au pouvoir et les libéraux démocrates de Nick Clegg - ils n'ont toujours que quelques points d'avance dans les intentions de vote. Or Labour comme Tories veulent éviter à tout prix un parlement où aucun parti n'aurait de majorité absolue à la chambre des Communes.

Un sondage ICM pour le Guardian crédite les Tories de 33% des intentions de vote, tandis que le Labour et les Lib Dems obtiennent chacun 28%. Une enquête YouGov pour le Sun, donne 34% aux Tories, devant les Lib Dems (29%) et le Labour (28%).

Obtenir le plus grand nombre de voix n'est pas forcément synonyme de majorité aux Communes, sans parler de majorité absolue à 326 sièges.

En effet, les distorsions liées au mode de scrutin uninominal à un tour pourraient permettre aux travaillistes de décrocher une majorité de députés même en arrivant en deuxième, voire troisième position en nombre de voix.

Cependant, pour la première fois depuis plusieurs semaines, un sondage publié lundi suggère que les Tories pourraient obtenir une courte majorité absolue de deux sièges à la chambre des Communes. Ce sondage Ipsos Mori pour Reuters effectué dans 57 circonscriptions très disputées indique une progression des Conservateurs de 7% par rapport au scrutin de 2005, selon ce calcul qui reste projection hypothétique.

Pour tenter d'éviter un parlement sans majorité absolue, les principaux partis ont envoyé leurs troupes faire campagne tous azimuts en ce lundi férié en Grande-Bretagne.

«Nous allons faire campagne à fond durant les trois derniers jours, y compris 24 heures en continu, de mardi soir à mercredi soir, en sillonnant tout le pays», a prévenu lundi M. Cameron à Blackpool (nord-ouest).

En fin d'après-midi les trois leaders se sont succédé à la tribune de Citizens UK, un événement organisé par des ONG et des groupes religieux au centre de Londres.

Le discours passionné de Gordon Brown a été brièvement interrompu par un militant antinucléaire qui a surgi sur la scène en brandissant une pancarte proclamant «Nukiller Power No» (jeu de mot sur «nuclear» et «killer», tueur), avant d'être rapidement maîtrisé par des agents de sécurité.

Pour la deuxième fois en quatre jours, l'ex-premier ministre Tony Blair a quant à lui prêté main forte à la campagne du Labour dans le centre de l'Angleterre, à Redditch où est candidate l'ancienne ministre de l'Intérieur Jacqui Smith.

«Le 6 mai, c'est le jour des élections mais c'est aussi (...) mon anniversaire et comme cadeau, je voudrais que Jacqui soit réélue à Redditch, ainsi qu'un quatrième mandat pour le gouvernement travailliste», a-t-il lancé.

Auparavant, Labour et les Libéraux démocrates avaient accusé David Cameron de se comporter comme s'il avait déjà remporté les élections après que le chef des Tories eut présenté son programme d'action pour ses 100 premiers jours au pouvoir.

«Dans ce pays, on n'hérite pas du pouvoir, on doit le gagner», a dit lundi Nick Clegg, chef des Lib Dems, accusant M. Cameron de faire preuve d'une «arrogance à couper le souffle» en «prenant déjà les mesures des rideaux du 10 (Downing street) avant même le vote».

M. Clegg a révélé au passage plusieurs soutiens parmi les stars, notamment les acteurs Daniel Radcliffe (Harry Potter) et Colin Firth (Bridget Jones).