Un prêtre catholique pédophile, accueilli il y a 30 ans dans le diocèse de l'actuel pape Benoît XVI, a été suspendu pour avoir enfreint l'interdiction de s'occuper de jeunes, tandis que de nouveaux cas de pédophilie étaient révélés dans deux couvents.

La conférence épiscopale allemande a annoncé mardi qu'une ligne téléphonique dédiée aux cas d'abus sexuels sur des mineurs serait opérationnelle à partir du 30 mars.

Des spécialistes y répondront aux questions «des victimes, mais aussi des éventuels auteurs» de tels agissements, précise-t-elle dans un communiqué.

L'archevêché de Munich a annoncé dans un communiqué avoir suspendu lundi le prêtre H., condamné pour pédophilie en 1986. Il avait été accueilli en 1980 dans le diocèse du pape actuel, alors cardinal Joseph Ratzinger, malgré les soupçons qui pesaient déjà sur lui.

Le prêtre, qui servait comme aumônier pour les vacanciers, a été suspendu pour avoir enfreint l'interdiction de s'occuper d'enfants et d'adolescents, a expliqué l'archevêché.

Son supérieur direct, Josef Obermaier, en charge des aumôniers de l'archevêché, a démissionné pour avoir manqué à son devoir de supervision, ajoute le communiqué.

En confirmant vendredi le cas de l'abbé H., révélé par la presse - qui l'identifie comme Peter Hullermann -, l'archevêché avait précisé que la décision de l'affecter «en tant qu'assistant-aumônier dans une paroisse du diocèse de Munich» avait été prise «par le vicaire-général de l'époque».

Le vicaire-général, Gerhard Gruber, avait assumé «l'entière responsabilité» de la «grave erreur» commise en affectant à des fonctions spirituelles le prêtre qui avait déjà dû suivre une thérapie pour son comportement.

Sa première victime, Wilfried Fesselmann, l'accuse mardi dans le journal Bild de l'avoir obligé à une fellation en 1979, alors qu'il était âgé de 11 ans, après l'avoir fait boire. «Le lendemain il m'avait laissé un billet disant: oublie vite ça et rentre chez toi».

Un couvent de capucins situé à Bad Mergentheim, dans le Bade-Wurtemberg (ouest), a annoncé qu'un de ses prêtres, âgé aujourd'hui de 80 ans, était soupçonné de pédophilie sur au moins un élève au début des années 1970.

La victime «a déposé plainte auprès du Parquet de Berlin» la semaine dernière, a précisé mardi à l'AFP un porte-parole du couvent.

Par ailleurs, le couvent bénédictin de Sankt Ottilien, en Bavière, a révélé dans un communiqué lundi soir que plusieurs moines, depuis décédés, s'étaient rendus coupable d'actes pédophiles dans les années 60 et a demandé aux victimes de se manifester.

«Certaines victimes ont connu un véritable soulagement, et peut-être même une guérison, lorsque leur cas a enfin été abordé, après souvent des décennies refoulement et de silence douloureux», a souligné le couvent.

Depuis la révélation fin janvier d'abus sexuels dans le collège jésuite Canisius à Berlin, de nouveaux cas sont révélés jour après jour dans de nombreux établissements catholiques, mais aussi dans des écoles protestantes et laïques.

L'Eglise catholique allemande s'est engagée à faire toute la lumière sur ces scandales.