Après les scandales retentissants de pédophilie au sein du clergé qui ont éclaté ces dernières années en de nombreux pays, des États-Unis à l'Irlande, l'Église doit faire face à de nouveaux abus, notamment dans un célèbre choeur dirigé par le frère du pape Benoît XVI.

Le scandale en Allemagne a démarré fin janvier au prestigieux collège jésuite Canisius à Berlin. Son recteur avait reconnu que de nombreux anciens élèves avaient été victimes d'abus sexuels dans les années 1970 et 1980, impliquant au moins deux anciens professeurs jésuites.

Il s'est étendu à d'autres établissements scolaires, notamment celui d'Ettal, en Bavière, et a déjà provoqué plusieurs démissions d'ecclésiastiques.

Vendredi, c'est le choeur des petits chanteurs de Ratisbonne, également en Bavière, dirigé de 1964 à 1993 par l'évêque Georg Ratzinger, frère de Benoît XVI, qui a été touché à son tour.

L'évêché de Ratisbonne a reconnu un cas d'abus sexuel remontant au début des années 1950 mais il a ajouté disposer «d'informations sur plusieurs cas d'abus présumés entre 1958 et 1973». Mgr Ratzinger a assuré à une radio locale n'avoir été au courant de rien.

Le frère du pape, a aussi affirmé dans une interview à un journal italien n'avoir jamais été au courant d'abus sexuels au sein de la chorale de Ratisbonne qu'il a dirigée pendant près de 30 ans entre 1964 et 1994.

«Je n'ai jamais rien su. Je répète ce que j'ai dit et expliqué à plusieurs reprises ces dernières heures. Les évènements dont on parle remontent à 50 voire 60 ans, aux années 50. Il s'agit d'une autre génération que celle de mes années» à la direction du Choeur de Ratisbonne (Bavière), assure le frère de Benoît XVI au journal italien La Repubblica.

Le Vatican «prend très au sérieux toute l'affaire du scandale de pédophilie en Allemagne», a déclaré à l'AFP le père Ciro Benedettini, vice-directeur de la salle de presse du Vatican. Il s'est en revanche refusé à tout commentaire sur le cas précis de Ratisbonne.

La conférence épiscopale allemande a chargé l'évêque de Trêves, Mgr Stephan Ackermann, de faire la lumière sur ce vaste scandale.

Le président de la conférence épiscopale, Mgr Robert Zollitsch, doit avoir le 12 mars au Vatican une rencontre avec le pape Benoît XVI, qui, depuis le début de son pontificat, a fermement condamné ces comportements, exprimant à plusieurs reprises sa «honte» et assurant que les coupables «n'ont pas leur place dans l'Église».

Jusqu'à la fin du XXème siècle, l'Église, pour préserver son image, cultivait le secret et se contentait de transférer discrètement les présumés coupables, avec le risque qu'ils poursuivent leurs crimes dans leur nouvelle affectation.

Pas d'abus quand la chorale était dirigée par le frère du pape

Les abus sexuels sur des enfants de la chorale de Ratisbonne en Bavière ne se sont pas produits pendant la période où elle était dirigée par le frère du pape, Georg Ratzinger, a assuré l'évêque de cette ville dans un communiqué publié samedi par l'Osservatore Romano.

L'évêque de Ratisbonne Gerhard Ludwig Mueller a souligné que les deux cas «rappelés à la mémoire» datent de 1958 et donc «ne coïncident pas avec la période où le professeur Georg Ratzinger était en charge» du choeur (Regensburger Domspatzen). Le frère du pape Benoît XVI a dirigé cette chorale d'enfants de 1964 à 1994, a précisé Mgr Mueller dans son communiqué au journal officiel du Vatican.

Selon l'évêque, le premier cas d'abus s'est produit en 1958 et a été commis par le vice-directeur d'une école élémentaire dite «préliminaire aux Domspatzen» car elle collabore régulièrement avec la chorale même si elle est indépendante de l'établissement gérant le choeur.

Le vice-directeur de cette école, située alors à Etterzhausen et maintenant à Pielenhofen, a été limogé et condamné pénalement, a rappelé Mgr Mueller.

Dans le deuxième cas, «il s'agit d'une personne qui a travaillé pendant sept mois pour les Domspatzen en 1958» et a été condamnée 12 ans plus tard pour abus sexuel.

«Les deux cas ont été rendus publics à l'époque et sont considérés comme clos sur le plan judiciaire», a indiqué l'évêque de Ratisbonne.

Les affaires de pédophilie sont dévastatrices pour une institution très présente auprès des jeunes notamment à travers le catéchisme et les établissements scolaires.

De plus, les indemnisations des victimes coûtent très cher à l'Église.

Alors que le pape doit s'adresser prochainement aux Irlandais, par le biais d'une lettre pastorale après une retentissante affaire de pédophilie, l'évêque de Ferns, Mgr Denis Brennan, a même appelé à l'aide mardi ses paroissiens pour dédommager les victimes.

Dans la région de Dublin, des prêtres, couverts par leur hiérarchie, ont commis des abus sexuels sur des centaines d'enfants pendant plusieurs décennies.

Un autre scandale a éclaté lundi aux Pays-Bas où l'ordre des Salésiens de Don Bosco a annoncé qu'une enquête allait être ouverte sur des abus sexuels présumés commis par des membres du clergé sur des élèves d'un internat de la région d'Arnhem dans les années 60.

Autre suite d'une affaire de pédophilie, la congrégation des Légionnaires du Christ au Mexique a demandé «pardon» jeudi à des enfants présumés de son fondateur, le père Marcial Maciel, victimes sexuelles du religieux mexicain, mort à 87 ans en janvier 2008 aux États-Unis.

Ces dernières années, des affaires de pédophilie ont secoué l'Église en de nombreux pays du monde, notamment aux États-Unis et en Australie, où le pape a rencontré des victimes, mais aussi au Canada et en Autriche, où l'épiscopat a indiqué vendredi vouloir prendre des mesures contre les coupables.