Des dizaines de navires et des milliers de passagers ont été libérés des glaces de la Baltique vendredi matin après des heures d'angoisse au large de la Suède plongée dans un hiver inhabituellement rigoureux.

Les autorités maritimes scandinaves n'avaient pas connu depuis trente ans un tel chaos autour de l'archipel de Stockholm et dans le golfe de Botnie: près de cinquante cargos, bateaux de marchandise et ferries géants piégés par les glaces, certains depuis plusieurs jours.

«Il n'y a plus aucun bateau bloqué dans les glaces», a annoncé vendredi matin à l'AFP Ann Ericsson de l'unité des brise-glaces de l'Administration maritime suédoise.

Jeudi, jusqu'à six ferries effectuant la navette entre la Suède, la Finlande et l'Estonie avaient été pris en otage par les glaces poussées vers les côtes suédoises par un fort vent sous des températures généralement négatives depuis la mi-décembre.

Toute la journée de jeudi, les brise-glaces aidés par des hélicoptères ont travaillé sans relâche pour les dégager.

Vendredi matin, l'Amorella, un ferry ayant à son bord quelque 1.000 passagers a ainsi été secouru après de longues heures d'angoisse. En voulant se libérer, il était entré en collision avec un autre ferry, le finlandais Finnfellow.

Tous les passagers de l'Amorella avaient alors été invités à se déplacer à l'avant du navire pour éviter d'être affectés par l'impact, a expliqué l'un d'eux, Mats Nyström.

«Nous n'avons pas beaucoup dormi. Nous avons suivi le travail des brise-glaces et des hélicoptères», a ajouté Lena, une autre passagère.

Tappio Sippo qui se trouvait à bord de l'autre ferry a déclaré qu'«il y a eu un grand crash». «L'équipage à beaucoup plus paniqué que nous!», a ajouté ce chauffeur de poids lourd.

Deux petits brise-glaces avaient tenté toute la nuit de dégager en vain ces deux ferries et ce n'est qu'avec l'intervention d'un troisième plus gros brise-glace, l'Ymer, qu'ils ont pu enfin être libérés à l'aube.

La compagnie Viking Line propriétaire de l'Amorello a expliqué qu'a aucun moment les passagers n'avaient été en danger et que le navire n'avait pas été endommagé.

Le brise-glaces Ymer a été appelé d'urgence alors qu'il dégageait la route d'une cinquantaine de cargos et navires de marchandise piégés jusque dans le golfe de Botnie, au nord de l'archipel de Stockholm depuis plusieurs jours, l'un d'eux depuis samedi, selon l'Administration maritime suédoise.

Douze navires étaient encore à quai vendredi matin dans le port de Sundvall, sur la côte orientale de la Suède, où ils attendent que ce brise-glace leur permette de poursuivre leur route, selon Ann Ericsson. «Ils attendent de l'aide mais aucun n'est bloqué», a-t-elle précisé.

Les ferries ont été piégés à l'entrée de l'archipel de Stockholm où la glace, par plaques, est mouvante et «où il est difficile de naviguer», a expliqué Jonhy Lindvall appartenant également à l'unité des brise-glaces de l'Administration suédoise.

Les gros ferries sont généralement bien équipés pour tracer leur route à travers les fines couches de glace qui recouvrent souvent la mer Baltique.

Pour cette raison sans doute, nombre d'entre eux ont ignoré l'alerte de l'Administration maritime suédoise diffusée cette semaine, selon Ulf Gullne de l'unité des brise-glaces.

«Le problème de ces gros ferries c'est qu'ils pensent pouvoir affronter la glace. Ils ont des moteurs extrêmement puissants mais cette fois c'était trop difficile pour eux», a-t-il dit à la radio publique suédoise.

Le directeur de Viking Line, Jan Kaarström, a cependant affirmé que ses deux ferries avaient déjà quitté leur port lorsque l'alerte a été lancée.