Les négociations étaient en progrès mardi dans le conflit social qui paralyse les raffineries Total, levant la menace d'une propagation de la grève dans le secteur pétrolier, le groupe français s'étant notamment engagé sous la pression du gouvernement au maintien de son activité.

La direction de Total «est prête à s'engager sur un plan d'investissement sur les cinq ans qui viennent» qui n'impliquera «aucune réduction de capacités, fermeture ou vente de raffinerie sur cette période», a déclaré un délégué du syndicat CGT (majoritaire), Charles Foulard.

Cet engagement ne concerne toutefois pas la raffinerie Total de Dunkerque, menacée de fermeture et dont le sort est à l'origine de la grève qui frappe depuis une semaine le groupe pétrolier, selon les déclarations du ministre de l'Industrie Christian Estrosi.

Mardi matin, le président Nicolas Sarkozy, s'immisçant dans un conflit qui menace le pays d'une pénurie de carburant à quelques semaines d'élections régionales, avait demandé au directeur général de Total, Christophe de Margerie, des engagements sur «la non fermeture» de capacités de raffinage pour les années à venir, selon le porte-parole du gouvernement Luc Chatel.

«Des avancées très importantes ont été réalisées», a affirmé un porte-parole de la direction de Total, qui affirme avoir «remis aux syndicats un texte écrit qui comprend huit propositions».

Le gouvernement a également annoncé l'organisation, au deuxième trimestre, d'une table ronde sur l'avenir de l'énergie en France, répondant à l'une des revendications principales des syndicats, qui exigent des garanties sur l'avenir de la filière en France.

Prenant acte de ces avancées, le syndicat CGT a levé sa menace d'étendre mardi la grève, qui paralyse les six raffineries de Total, aux deux raffineries françaises de son concurrent américain ExxonMobil.

Les grévistes ont également levé le blocage, commencé mardi matin, du dépôt de carburant d'ExxonMobil à Port-Jérome (nord-ouest).

Chez Total, les syndicats ont toutefois également exigé pour reprendre le travail le paiement des heures de grève.

«Il n'y aura pas de reprise du travail dans aucune des raffineries du groupe Total tant que l'ensemble des heures de grève ne sera pas payé», a déclaré le délégué de la CGT Charles Foulard.

Les salariés de la raffinerie Total de Feyzin (sud-est), ont notamment reconduit mardi leur grève en assemblée générale.

La menace d'une pénurie de carburant continuait donc de peser sur la France, Total, premier groupe industriel du pays, assurant à lui seul l'approvisionnement de plus de la moitié des stations-service du pays.

Le ministre de l'Énergie Jean-Louis Borloo s'est voulu rassurant mardi, assurant qu'il n'y avait «aucun risque de pénurie» compte-tenu des réserves qui s'élèvent, selon l'Union française des industries pétrolières (Ufip), à 7-10 jours de consommation.

Mais des signes de rupture d'approvisionnement sont apparus ces derniers jours dans certaines stations services en plein chassé-croisé des vacances d'hiver.

Sur 2 600 stations-service Elf et Total, 249 étaient à court d'au moins un carburant mardi matin, a annoncé le groupe pétrolier.

Total justifie la nécessité de restructurations par la baisse de la demande de produits pétroliers, de 8,9% en France en 10 ans selon l'Ufip.

L'opposition socialiste a apporté son soutien au mouvement, soulignant que Total avait réalisé 7,8 milliards d'euros de bénéfices en 2009.