Le pape Benoît XVI a accepté jeudi la démission d'un évêque irlandais accusé d'avoir couvert les agissements de prêtres pédophiles dans la région de Dublin, relançant les appels en faveur du départ d'autres religieux impliqués dans ce scandale retentissant.

Donal Murray, évêque de Limerick (ouest), avait été accusé d'avoir réagi de façon «inexcusable» en dissimulant des informations sur des enfants victimes d'abus sexuels de prêtres, dans un rapport publié fin novembre en Irlande. Le rapport Murphy avait révélé comment l'Eglise catholique d'Irlande avait fait le silence sur les abus sexuels commis par des prêtres de la région de Dublin sur des centaines d'enfants pendant plusieurs décennies.

Dès l'annonce de la décision, Donal Murray a présenté ses «humbles excuses à tous ceux qui ont été victimes d'abus quand ils étaient petits».

«Je sais très bien que ma démission ne peut supprimer les souffrances endurées par les victimes de ces abus toujours vivantes, et qu'ils continuent d'endurer chaque jour», a-t-il reconnu dans un communiqué.

Il a expliqué avoir «demandé au Saint-Père de l'autoriser à démissionner parce qu'il pensait que sa présence créerait des difficultés pour certaines victimes, qui doivent occuper la première place dans nos pensées et nos prières».

Le Bulletin du Vatican annonçant cette démission ne donne aucune précision sur ses motifs, mais cette décision était attendue depuis une rencontre, le 11 décembre, entre le pape et le primat de l'Eglise irlandaise, le cardinal Sean Brady, à propos de ce scandale.

Le pape avait alors présenté des excuses au nom de l'Eglise, qualifiant ces agissements de «crimes abominables».

Donal Murray, 69 ans, ordonné prêtre en 1966, était évêque de Limerick (ouest) depuis février 1996, mais avait été auparavant, de 1982 à 1996, évêque auxiliaire de Dublin, là où des abus sexuels ont été commis sur des centaines d'enfants pendant plusieurs décennies.

Sa démission accroît la pression sur les autres responsables de l'église catholique mis en cause par le rapport Murphy, notamment quatre évêques qui travaillaient avec M. Murray à Dublin.

Quelques heures après l'annonce du Vatican, l'archevêque de Dublin Diarmuid Martin a laissé entendre que d'autres démissions pourraient suivre.

«Tous ceux qui ont un poste à responsabilité devront prendre leurs responsabilités», a-t-il prévenu, ajoutant qu'il comptait rencontrer les religieux nommément cités par le rapport Murphy pour leur signifier «les changements que je souhaite».

«Nous traversons sans aucun doute une période de crise profonde au sein de l'archevêché» de Dublin, a-t-il poursuivi. «Les prêtres et les gens de cet archevêché voient bien qu'il ne peut y avoir de guérison sans changement radical».

 C'est également ce qu'a réclamé jeudi l'une des associations de soutien aux victimes «One in Four» (Un sur quatre), appelant quatre autres évêques ayant travaillé avec Mgr Murray à partir.

«Une seule démission ne signifie pas un changement majeur de politique de la part de l'église catholique», a souligné le directeur de l'association Maeve Lewis.

«L'évêque Murray n'était que l'un des évêques auxiliaires de l'archevêché de Dublin qui disposaient d'informations sur les auteurs d'agressions sexuelles répétées et qui n'ont pas réagi, ce qui a entraîné d'autres abus sexuels», a-t-il estimé.

«Je crois que chacun de ces évêques doit maintenant démissionner si l'Eglise veut garder quelque crédibilité», a ajouté M. Lewis.