Neuf Afghans ont été expulsés de France mardi soir à bord d'un avion britannique vers Kaboul, où ils sont arrivés mercredi, en dépit des protestations contre la décision de Paris de maintenir ces renvois vers un pays en guerre.

Neuf Afghans ont été expulsés de France mardi soir à bord d'un avion britannique vers Kaboul, où ils sont arrivés mercredi, en dépit des protestations contre la décision de Paris de maintenir ces renvois vers un pays en guerre.

L'avion transportant les neuf expulsés a atterri à la mi-journée, a annoncé à l'AFP Noor Sarwary, un responsable d'AGEF, l'ONG allemande chargée d'accueillir les expulsés et d'aider à leur réinsertion.

Le ministre français de l'Immigration Eric Besson a confirmé mercredi «neuf reconduites d'Afghans en situation irrégulière» qu'il a justifiées par le fait que ces migrants ne «sont pas des réfugiés» et n'ont pas introduit de demande d'asile.

Les expulsés, pour beaucoup âgés d'une vingtaine d'années, sont sortis de l'aéroport l'air fatigué et triste, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Je suis arrivé là-bas (en France) il y a six mois, puis j'ai été arrêté un jour», a déclaré à l'AFP l'un d'eux, Waheedullah, 20 ans, originaire de la province de Kunar (est), un des bastions des insurgés talibans.

«Je ne peux pas rentrer» car «j'avais beaucoup de problèmes en Afghanistan avec les talibans», a-t-il lancé, en disant avoir «dépensé 12000 euros pour aller» en France.

Un autre expulsé, Torab Aslam, 30 ans, est originaire de la province du Logar, un autre bastion taliban, situé lui aux portes de Kaboul.

«Il y a beaucoup de talibans dans le Logar. Ils ont capturé mon frère, qu'ils retiennent prisonnier depuis trois ans. Je ne sais pas qui faire», a-t-il raconté. Il dit être arrivé en France «il y a quatre mois» après avoir dépensé «1 300 000 roupies pakistanaises» (10.500 euros environ). «J'ai emprunté cet argent, et je dois maintenant le rembourser. Mais je ne peux pas».

Nazir Jabarkhail, 19 ans, vient lui de Jalalabad, la grande ville de l'est afghan. Il a passé «un an et demi en Grèce» avant d'arriver en France, où il a été arrêté au bout de «sept jours». «Je ne voulais pas revenir, mais ils m'ont forcé», a-t-il raconté. Que va-t-il faire maintenant? «Je ne sais pas».

«Nous allons les emmener dans une de nos résidences, les aider, leur donner de l'argent et les aider à se réintégrer», a de son côté précisé Noor Sarwary.

Des sources policières françaises ont confirmé mercredi à Paris qu'une dizaine de sans-papiers afghans avaient été expulsés de France la veille au soir, à bord d'un avion britannique vers Kaboul.

Paris avait maintenu mardi ce projet d'expulsion en dépit des protestations qu'il suscite en France.

En guerre contre l'immigration clandestine et ce qu'il appelle le détournement des procédures d'asile par les migrants économiques, le ministre français de l'Immigration déclare mener une politique de «fermeté et d'humanité» et assume les expulsions, même vers l'Afghanistan.

Si elle se dit d'accord avec son collègue sur la lutte contre les filièresd'immigration clandestine, la Secrétaire d'État française à la politique de la ville Fadela Amara n'en a pas moins exprimé des réserves mercredi matin.

«Ce n'est pas la France que j'aime, je souhaite qu'on les garde jusqu'à la fin de la guerre dans leur pays», a-t-elle déclaré.

Le Mrap, une des principales associations françaises de lutte contre le racisme, a lui dénoncé une «décision indigne bafouant les droits humains les plus fondamentaux», et demandé l'arrêt des expulsions vers l'Afghanistan.

Face à la montée des protestations, Eric Besson a reçu le soutien du président Nicolas Sarkozy et du premier ministre François Fillon.

Vingt-sept Afghans en situation irrégulière, dont trois venus de France, avaient été reconduits à Kaboul fin octobre par un vol conjoint affrété par Paris et Londres, opération qui avait déjà suscité un tollé à gauche et parmi les associations de défense des migrants.