Le pape s'est excusé une fois de plus vendredi pour les abus sexuels sur des enfants commis par des membres du clergé, qualifiant de «crimes abominables» les agissements des prêtres irlandais pédophiles couverts par leur hiérarchie.

Le Vatican a diffusé ces déclarations de Benoît XVI après un entretien, à la demande du pape, avec le primat de l'Église irlandaise le cardinal Sean Brady, faisant suite à la publication d'un rapport fin novembre qui a révélé comment la hiérarchie irlandaise avait couvert les abus sexuels commis par des prêtres de la région de Dublin sur des centaines d'enfants pendant plusieurs décennies. Benoît XVI avait déjà présenté les excuses de l'Eglise pour des actes pédophiles commis par des prêtres aux États-Unis, en Australie et vis-à-vis des amérindiens canadiens.

«Le pape partage l'indignation, (le sentiment de) trahison et la honte ressentis par de nombreux fidèles en Irlande» face à des «crimes abominables», selon le communiqué du Vatican.

L'archevêque de Dublin, Diarmuid Martin et plusieurs responsables de la Curie romaine ont également assisté à cette réunion d'une heure et demi dans la bibliothèque du pape, a précisé à la presse le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican.

Interrogé par La presse, il a précisé que d'éventuelles démissions de responsables n'entraient pas dans le cadre de ces entretiens. Selon La presse irlandaise, plusieurs évêques mis en cause dans ce scandale retentissant seraient sur le point d'annoncer leur démission.

Le pape, «profondément troublé et bouleversé» par l'étude attentive du rapport, «veut une fois de plus exprimer son profond regret face aux actions de certains membres du clergé qui ont trahi leur promesse solennelle à Dieu, tout comme la confiance placée en eux par les victimes et leurs familles et par la société tout entière».

Parlant de «moment difficile», le pape a assuré que l'Église «continuera à suivre cette grave affaire avec beaucoup d'attention de façon à mieux comprendre comment ces événements honteux ont pu se produire et comment mettre en place des stratégies efficaces et sûres pour empêcher qu'ils se répètent», a ajouté le Vatican.

Le Vatican «prend très au sérieux» les questions soulevées dans le rapport sur «la gouvernance» dans l'Eglise irlandaise et le pape adressera une lettre pastorale où «il indiquera clairement les initiatives qui doivent être prises pour répondre» à la situation.

Le père Lombardi n'a pas pu donner d'indication sur sa date de publication.

Ce n'est pas la première fois que le pape présente les excuses de l'Eglise suite à des actes pédophiles commis par des membres du clergé.

Son voyage aux États-Unis en avril 2008 avait été dominé par sa volonté de tourner la page du vaste scandale de pédophilie qui a secoué l'Eglise catholique américaine depuis 2002 après la révélation qu'entre 4000 et 5 000 prêtres ont abusé sexuellement de 14 000 enfants et adolescents durant des décennies. Benoît XVI avait dit sa «honte» pour les crimes commis et sa compassion pour les victimes, dont il avait reçu une délégation.

Quelques mois plus tard, en juillet, il avait fait de même en Australie où il s'était rendu pour les journées mondiales de la jeunesse (JMJ).

Plus récemment, en avril, il a regretté les abus dont ont été victimes les enfants d'amérindiens canadiens - indiens, métis et inuits - de la part de l'Église catholique.

De la fin du XIXe siècle aux années 1970, plus de 150 000 enfants indiens, métis et inuits, ont été coupés de leurs familles et de leur culture dans des pensionnats où nombre d'entre eux ont été soumis à des mauvais traitements ou à des abus sexuels.