L'Otan et la Russie ont annoncé vendredi une relance de leur coopération, un temps suspendue par leur brouille sur la Géorgie, en insistant sur les sujets d'intérêt commun, comme le terrorisme ou l'Afghanistan, plus que sur ce qui les divise.

«C'est un premier pas, un véritable pas vers une relation meilleure et plus productive entre l'Otan et la Russie, et peut-être vers un vrai partenariat où nous nous concentrerions non plus sur l'autre mais sur ce que nous pouvons faire ensemble», a déclaré le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen.

Le nouvel élan que les 29 pays veulent imprimer à leur coopération s'appuiera sur trois documents entérinés à l'occasion de ce Conseil ministériel Otan-Russie, le premier à se tenir formellement depuis la guerre russo-géorgienne d'août 2008, a indiqué M. Rasmussen.

«Tous nos amendements ont été inclus», s'est félicité l'ambassadeur russe à l'Otan, Dmitri Rogozine, cité par l'agence RIA Novosti.

Le premier de ces documents concerne le programme de coopération concrète pour 2010.

Le terrorisme figure au premier rang des menaces communes que l'Otan et la Russie affrontent. «La bombe qui a tué 26 innocents la semaine dernière» lors d'un attentat contre un train en Russie «en est un exemple», a rappelé le secrétaire général, et «il faut donc le combattre ensemble».

A propos de l'Afghanistan, M. Rasmussen a salué l'intention de la Russie d'accentuer son assistance à la force internationale dirigée par l'Otan, l'Isaf, et celle qu'elle fournit déjà en permettant le transit d'armes, d'équipements et de soldats.

«Nous aurons l'occasion d'en parler dans les semaines et les mois qui viennent», a-t-il dit.

L'accord comprend la mise en place d'un groupe de travail sur le projet de bouclier antimissile américain, qui devrait se réunion «peu après les vacances de Noël», a par ailleurs précisé M. Rogozine.

La Russie ne participera pas aux exercices militaires de l'Otan en 2010, pour des raisons financières, mais est prête à renforcer son effort militaire contre les pirates au large des côtes somaliennes, a-t-il ajouté.

M. Rasmussen a également fait état d'un accord sur la réforme des structures du Conseil Otan-Russie, afin de «rendre plus efficace» ce dernier.

«J'estime que le Conseil est une part essentielle de l'architecture de sécurité euro-atlantique et il importe de l'améliorer», a-t-il dit.

Toutefois, «sur des sujets importants comme la proposition de nouveau traité sur la sécurité européenne du président russe Dmitri Medvedev», le secrétaire général de l'Otan n'a pas caché des différences au moins d'approche: «Nous sommes ouverts à la discussion mais l'OSCE reste le cénacle prioritaire pour en discuter», a-t-il dit.

Il a souligné que cet texte avait déjà été discuté il y a quelques jours à la réunion ministérielle de l'OSCE à Athènes.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a défendu ce texte, en insistant sur le fait qu'il rendrait «juridiquement contraignant le non-recours à la force». Il n'y a «aucune intention cachée» dans ce projet ni de «tentative de s'arroger un droit de veto sur la politique de l'Otan», a-t-il affirmé.

«Il n'y a pas eu parfaites coïncidences de vue sur tous les sujets, comme la Géorgie ou la politique d'élargissement de l'Otan dite de +la porte ouverte+», a reconnu pour sa part M. Rasmussen.

M. Lavrov a évoqué l'opposition de la Russie aux livraisons d'armes à la Géorgie, ou encore la question non résolue de la révision du traité sur les Forces conventionnelles en Europe.

Mais, a-t-il insisté, «nous ne laisserons pas et ne pourrons pas laisser ces désaccords perturber notre coopération dans d'autres domaines».

Un troisième et dernier document entériné par l'Otan et la Russie porte sur «l'analyse commune des défis et des menaces» qui devra faire l'objet d'un rapport dans un an.