Franz Josef Jung, ancien ministre de la Défense allemand passé à la surprise générale au ministère du Travail suite aux élections de septembre, a fini par payer les conséquences d'une frappe meurtrière en Afghanistan.

M. Jung, 60 ans, a annoncé vendredi en milieu de journée sa démission du ministère du Travail et des Affaires sociales. Il avait prêté serment le 28 octobre.

Sa nomination à ce poste très stratégique, doté du plus lourd budget de tous les ministères allemands, avait beaucoup surpris.

Ce conservateur toujours affable, bien moins charismatique que son successeur Karl-Theodor zu Guttenberg, semblait en effet condamné à tomber dans l'oubli tant il avait été critiqué au cours des quatre années passées à la Défense, de 2005 à 2009.

Mme Merkel avait pourtant conservé dans son nouveau gouvernement de centre-droit ce membre de son parti Union chrétiennne-démocrate (CDU), malgré l'émotion suscitée par une frappe meurtrière en Afghanistan.

Lors d'un bombardement à Kundus (nord de l'Afghanistan) le 4 septembre dernier, demandé par un officier allemand, jusqu'à 142 personnes seraient mortes selon l'Otan, dont de nombreux civils.

Il apparaît désormais que le ministère de la Défense a sinon dissimulé du moins ignoré des informations sur ces frappes, ce qui a d'ores et déjà entraîné jeudi la démission du chef d'état-major allemand et d'un secrétaire d'Etat à la Défense.

Dès septembre, la presse allemande lui avait reproché sa «tactique du salami». Le ministre n'avait livré que partiellement et progressivement des tranches d'information, au fur et à mesure que la polémique enflait sur le nombre de victimes civiles de cette frappe. Et ce alors que l'intervention de la Bundeswehr en Afghanistan est de plus en plus impopulaire.

De manière générale, les journaux allemands n'ont cessé de mettre en doute sa capacité à gérer le ministère de la Défense au moment où l'Allemagne multiplie ses interventions armées à l'étranger, de la République démocratique du Congo au Liban en passant par la lutte contre la piraterie maritime.

Pour de nombreux commentateurs, Mme Merkel ne l'a gardé dans son gouvernement que par souci de ménager l'un des barons de la CDU, le maître de l'Etat régional de Hesse Roland Koch, dont Franz Josef Jung est considéré comme un bras droit.

M. Jung, fils de vigneron et juriste de formation, est marié et a trois enfants.