Le parti socialiste français s'enfonce une fois de plus dans des luttes intestines, qui minent régulièrement sa crédibilité et sa capacité à conquérir le pouvoir, l'ex-candidate à la présidentielle Ségolène Royal et ses proches étant au centre de ces nouveaux déchirements.

Toujours populaire mais imprévisible, Ségolène Royal est à l'origine de cette poussée de fièvre, qui ne touche pas tout le parti, mais le «courant» qu'elle y avait créé, «l'Espoir à gauche».

Mme Royal, déjà abandonnée par beaucoup de ses anciens soutiens s'est invitée samedi à Dijon (centre-est) à un rassemblement organisé par son ancien lieutenant Vincent Peillon, qui visait à débattre avec des responsables centristes et écologistes d'une alliance pour battre Nicolas Sarkozy en 2012.

L'arrivée impromptue de Mme Royal à une réunion où aucun «présidentiable» n'avait été convié est un «cadeau à la droite», a fulminé M. Peillon, affirmant que l'ex-adversaire de M. Sarkozy «ne pourra plus incarner demain une gauche victorieuse».

Depuis, la querelle ne cesse de s'envenimer. Ségolène Royal a décidé mardi d'exclure son ancien porte-parole de l'animation de l'Espoir à gauche. Furieux, M. Peillon a répondu qu'il n'allait pas se «laisser congédier» car «elle n'est pas ministre de l'Intérieur» et «nous ne sommes pas ses domestiques».

L'effet est dévastateur, un an après le Congrès de Reims qui avait vu l'élection de Martine Aubry à la tête du premier parti d'opposition à l'issue d'un duel sans merci avec Mme Royal, sur fond d'accusations de fraudes.

Selon un sondage publié mardi, 62% des Français et des socialistes estiment que PS ne va aujourd'hui «ni mieux, ni moins bien». Ils sont même 22% des Français à juger que le PS va «plutôt moins bien».

Visiblement soucieuse de se placer au-dessus de la mêlée, Martine Aubry a choisi d'ignorer cette bataille d'égos. Il s'agit de «broutilles» auxquelles les Français ne «comprennent rien», a-t-elle déclaré.

C'est aussi l'avis de son prédécesseur, François Hollande, qui peaufine sa stratégie pour 2012 dans son département de Corrèze (centre) dont il est député. «Quand on n'est pas capable d'avoir un langage maîtrisé, où que ce soit, on n'est pas capable d'être regardé comme une équipe crédible», a estimé François Hollande, qui est aussi l'ancien compagnon de Ségolène Royal.

Autre poids lourd du parti, l'ancien ministre de la Culture Jack Lang estime que «par son attitude» Mme Royal «contribue à atténuer le crédit» du PS.

Les socialistes, qui n'ont plus été au pouvoir en France depuis 2002, ne parviennent pas à tirer parti des difficultés actuelles du président Nicolas Sarkozy, confronté à des polémiques en série.

Pour la première fois depuis son élection en 2007, il est apparu récemment «battable» dans un sondage sur la prochaine élection, qui aura lieu en 2012. Mais ce n'est pas un dirigeant actuel du PS qui l'emporterait face à lui mais le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, incarnation de l'aile droite du parti.

À moins de quitter ses fonctions, il ne serait pas candidat en 2012, et son  l'absence va nourrir l'ambition d'autres aspirants et exacerber l'impitoyable guerre des chefs qui ronge le parti depuis des années.

Dans cette lutte, les prochaines élections régionales en mars apparaissent comme un test crucial pour le PS qui contrôle 20 régions sur 22. Et surtout pour Mme Royal.

Elle veut être réélue à la tête de la région du Poitou-Charente, dont elle a fait un laboratoire de ses idées et, espère-t-elle encore, un tremplin pour la prochaine présidentielle.