Plusieurs associations de défense des immigrés en France se sont réjouies lundi de la décision du gouvernement de ne pas appliquer la loi sur les tests ADN pour le regroupement familial, un texte qui était censé s'appliquer à neuf pays d'Afrique et d'Asie.

Le ministre de l'Immigration Eric Besson a annoncé dimanche qu'il ne signerait pas le décret d'application de cette loi adoptée sous son prédécesseur, Brice Hortefeux, après des débats houleux à l'Assemblée nationale. M. Besson a affirmé qu'il n'était pas «en mesure» d'en «respecter l'esprit et la lettre». Pour SOS Racisme, «le détestable chapitre des tests ADN en matière de regroupement familial est définitivement clos».

Dans un communiqué, l'organisation précise qu'«à l'issue du combat que nous avions mené contre cette disposition populiste visant à associer les étrangers à des fraudeurs, le dispositif n'était plus opératoire sur le plan technique et peu défendable sur le plan de l'éthique républicaine».

France Terre d'asile a salué une décision de «bon sens», en rappelant toutefois que la loi de 2007 sur la maîtrise de l'immigration comportait bien d'autres dispositions aggravant les conditions de regroupement familial (séjour, logement, revenus)».

Le président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) Patrick Gaubert a dit «Chapeau!» à Eric Besson, un transfuge du Parti Socialiste, qui «a eu le courage d'aller jusqu'au bout».

La France a adopté en 2007 l'expérimentation de tests ADN pour le regroupement familial dans la loi sur la maîtrise de l'immigration, mais le Sénat avait restreint ses modalités par rapport au projet initial, qui avait déclenché de nombreuses protestations.

Le Conseil constitutionnel, qui juge de la constitutionnalité des lois, avait ensuite validé, sous réserves, le recours possible aux tests ADN tout en rejetant une application systématique.

Le projet prévoyait une première application des tests aux ressortissants de l'Angola, du Bangladesh, du Cameroun, du Cap Vert, de la République dominicaine, de la Guinée-Conakry, du Ghana, de Madagascar, du Pakistan. Des pays où les autorités consulaires françaises soupçonnent une fraude documentaire.