José Manuel Barroso s'oriente, malgré les critiques, vers une reconduction la semaine prochaine pour 5 ans à la tête de la Commission européenne, mais il ne devrait rallier sur son nom au Parlement qu'une majorité étriquée qui continuera à le maintenir sous pression.

Après deux mois et demi d'incertitude, les responsables des groupes politiques du Parlement ont décidé jeudi de voter sur la candidature du Portugais à sa propre reconduction le 16 septembre.

La majorité d'entre eux ont refusé de faire traîner davantage les choses, alors que les Verts et les socialistes insistaient pour attendre le résultat du prochain référendum en Irlande sur le traité de Lisbonne le 2 octobre avant de se prononcer.

La clarification sur le calendrier du vote est une bonne nouvelle pour M. Barroso, mécontent d'être laissé dans les limbes depuis la fin juin.

Il s'agit d'une «décision claire qui envoie un signal fort aux citoyens européens», a commenté le président du Parlement, le Polonais Jerzy Buzek, membre de la même famille politique conservatrice que M. Barroso. «En ces temps de crise économique, nous ne pouvons nous permettre de maintenir un vide politique» à la tête de l'Europe, a-t-il ajouté.

M. Barroso, président en exercice de la Commission européenne, est le seul candidat en lice à sa propre reconduction.

Malgré un bilan très contesté depuis 2004, et la fronde de ses détracteurs qui l'accusent d'avoir trop longtemps refusé la régulation financière face à la crise, ou d'être aux ordres des grands pays, il a déjà le soutien des 27 dirigeants des pays de l'UE.

À présent, il lui faut encore être adoubé par le Parlement européen, où la droite n'a pas à elle seule la majorité suffisante et doit donc trouver des alliés.

L'ancien premier ministre portugais semble désormais assuré d'obtenir une majorité relative suffisante pour se faire réélire la semaine prochaine.

 Mais certains eurodéputés exigent déjà, en cas de ratification du traité de Lisbonne - qui changerait les règles du jeu - que M. Barroso se soumette à un nouveau vote: celui-ci serait dans ce cas périlleux car il lui faudrait rallier sur son nom une majorité absolue des élus (369), beaucoup plus difficile à obtenir.

Dans la deuxième configuration en effet, les abstentionnistes, qui risquent d'être nombreux dans les rangs des socialistes, des libéraux (les deuxième et troisième groupes politiques du Parlement en taille), voire dans sa propre famille politique conservatrice où il ne fait pas l'unanimité, comptent de facto comme des voix contre.

Jeudi, les Libéraux et socialistes européens ont échoué dans une première tentative d'imposer à M. Barroso ce deuxième scrutin. Ils n'ont pas trouvé de majorité en ce sens lors de la réunion des présidents de groupe.

Mais le dernier mot n'est pas dit. «La question reste à l'agenda» car si M. Barroso se contente d'une majorité fragile «il sera politiquement faible», a dit jeudi le chef de file des élus socialistes, Martin Schulz.

Plusieurs juristes des institutions européenes estiment qu'un deuxième vote sera indispensable. Et la question pourrait être soulevée par certains dirigeants de l'UE.

«Les jeux ne sont pas encore faits. Il est désormais probable que Barroso obtienne une majorité la semaine prochaine mais si elle est étriquée, la pression pour qu'il se soumette à un nouveau vote va croître, ce qui pourrait faire ressortir des candidatures alternatives», estime un diplomate européen.

Le premier ministre français François Fillon, présenté cette semaine par le quotidien Le Monde comme un recours possible, a assuré soutenir «sans réserve» M. Barroso. Mais sans totalement convaincre à Bruxelles.