Le scandale des généreuses notes de frais des ministres et députés britanniques a éclaboussé vendredi le premier ministre Gordon Brown, qui s'est défendu de toute irrégularité et a réitéré sa promesse d'une réforme en profondeur du système.

Le quotidien Daily Telegraph a consacré vendredi huit pleines pages grand format aux défraiements de treize membres du Cabinet britannique, qui rassemble les principaux ministres du gouvernement. Des révélations qui ne seraient que le premier volet d'une série prévue par le journal.

Cette fois, le premier ministre n'a pas été épargné.

Entre 2004 et 2006, Gordon Brown aurait versé à son frère plus de 6.000 livres (6.700 euros) pour frais de nettoyage. Downing Street a précisé que les deux hommes utilisaient le même fournisseur et que le chef du gouvernement ne faisait que rembourser sa quote-part. Sa note de frais aurait également inclus 15 livres d'ampoules, un aspirateur à 265 livres et une cuisine à 9.000 livres.

Depuis plusieurs mois, la presse britannique enchaîne les révélations sur des défraiements considérés comme abusifs mais dont les bénéficiaires, accusés d'user de tous les artifices pour profiter au maximum du dispositif, se défendent en soulignant qu'ils respectent la réglementation.

«Le système ne fonctionne pas», a reconnu M. Brown à la BBC. «J'ai dit qu'il ne fonctionnait pas, qu'il devait être modifié. Nous avons voté pour une modification et cette modification doit intervenir rapidement», a-t-il ajouté.

Interrogé sur la nécessité pour les parlementaires de vivre dans le «monde réel», il a déclaré: «Absolument. C'est la raison pour laquelle le système doit changer».

«J'ai été convaincu au cours des derniers mois...le système est mauvais, ce n'est pas la bonne façon de travailler», a-t-il poursuivi.

La liste officielle des défraiements des 646 députés, qui siègent à la Chambre des Communes, devrait être publiée en juillet.

Selon le Daily Telegraph, le ministre de la Culture Andy Burnham a notamment présenté en vain à trois reprises une facture de rénovation de sa maison (plus de 16.000 livres). Il aurait finalement obtenu satisfaction après avoir supplié les services ad hoc en précisant que «sinon je risque le divorce».

Le système prévoit l'indemnisation d'un logement secondaire pour les parlementaires ayant un pied-à-terre dans leur circonscription et un autre à Londres, mais ils sont libres de décider de la localisation de leur domicile principal. Cette indemnisation couvre également l'équipement et l'entretien au sens large du logement, exigeant un justificatif au-delà de 25 livres contre 250 jusqu'en avril 2008.

Le ministre de la Justice Jack Straw aurait ainsi obtenu le défraiement d'un ouvre-boîtes (6 livres), de deux lits entre 2005 et 2009 et remboursé un trop perçu pour sa taxe d'habitation imputé au fait que la «comptabilité n'est pas (son) fort».

En 2005, l'actuel ministre des Affaires étrangères David Miliband aurait été jusqu'à demander le remboursement d'une poussette (199 livres) et de matériel de puériculture. En vain.

La ministre en charge des relations avec le Parlement et numéro 2 du Labour Harriet Harman a reconnu vendredi que ces nouvelles révélations ne présentaient pas les parlementaires sous un jour favorable.

«Je sais que ça fait mauvais genre, je sais que les gens sont mécontents à ce sujet», a-t-elle indiqué sur radio BBC 4. «Mais je ne veux pas que les gens aient le sentiment que tous les parlementaires sont corrompus et que le système est pourri parce que je ne pense pas que ce soit le cas».

«Dans notre système, nous n'avons pas le niveau de corruption que l'on (trouve) dans beaucoup d'autres pays», a poursuivi la ministre, sans préciser les pays auxquels elle faisait référence.