Le soulagement était général en Autriche, vendredi, au lendemain de la condamnation à la prison à vie de Josef Fritzl, qui a séquestré sa fille Elisabeth et en a fait son esclave sexuelle pendant 24 ans.

«PERPETUITE», ce mot en caractères gras en première page du quotidien Kurier, au-dessus de la photo du retraité le plus tristement célèbre du pays, résumait bien vendredi matin le soulagement des victimes du «drame d'Amstetten» et de la population de la petite république alpine.Josef Fritzl a été condamné jeudi à la prison à vie, assortie d'internement psychiatrique, pour le meurtre d'un bébé de l'inceste, mort deux jours après sa naissance faute de soins médicaux dans la cave-cachot de sa maison, où il a séquestré sa fille Elisabeth pendant 24 ans. Durant cette période, Josef Fritzl l'a violée plus de 3000 fois et lui a fait sept enfants.

Le procès a duré à peine trois jours et demi, pour l'essentiel à huis clos, devant la Cour d'assises de Sankt-Pölten, près de Vienne. Les huit jurés l'ont déclaré, à l'unanimité, coupable des six chefs d'accusation.

De nombreuses questions restent cependant sans réponses. Pourquoi n'y a-t-il pas eu d'enquête après la disparition d'Elisabeth à l'âge de 18 ans, prétendument réfugiée dans une secte? Comment Josef Fritzl a-t-il pu adopter avec son épouse à trois reprises les bébés déposés sur leur paillasson sans la moindre enquête sur leur origine? Pourquoi les services sociaux n'ont-ils jamais cherché à savoir qui était le père de ces enfants avant d'en accorder la garde aux prétendus grands-parents?

Un simple test ADN lors de l'apparition du premier bébé en mai 1993 aurait peut-être permis de lever le voile dès cette année-là.

L'éditorialiste du quotidien de centre-gauche Der Standard se félicite, par ailleurs, que l'annonce du verdict ait permis le départ de la «meute médiatique internationale qui n'a pas hésité à propager des absurdités comme le fait que ce drame dans la cave-cachot s'explique par le passé nazi de l'Autriche».

Plus de 200 journalistes, cameramen et photographes du monde entier avaient investi la bourgade, d'ordinaire bien paisible, à une soixantaine de kilomètres de Vienne. Comme ils l'avaient fait lors de la révélation du drame, en avril 2008, à Amstetten, à 130 km à l'ouest de la capitale.

«Ce procès avait en fait déjà commencé l'an dernier lorsque Amstetten a été occupé pendant une semaine par les médias», a rappelé le maire de la petite commune de 23 000 habitants, Herbert Katzengruber.

«Mais maintenant, un chapitre noir de notre histoire a été clos et on souhaite qu'on nous laisse tranquilles dorénavant», a-t-il ajouté.

Elisabeth, la principale victime de ce drame sans précédent dans l'histoire de l'Autriche, ses six enfants ainsi que l'épouse de Josef Fritzl, qui vient de divorcer, tentent de commencer une nouvelle vie ailleurs, dans un endroit tenu secret et sous d'autres identités, à l'abri des paparazzi.

Le condamné finira ses jours derrière les barreaux. Il restera d'abord plusieurs semaines dans sa cellule de la prison de Sankt-Pölten attenante au Tribunal, puis sera transféré dans un centre d'internement psychiatrique.

«Il a laissé percevoir un certain soulagement», après sa première nuit de condamné à perpétuité, a indiqué le directeur adjoint de la prison, Erich Huber-Günsthofer. Les mesures de sécurité ont été renforcées pour prévenir toute tentative de suicide.