Il veut sortir un disque de ses chansons, mettre ses baisers en loterie et faire payer l'entrée dans les cimetières: la vie politique en Ukraine est riche en rebondissements, mais les initiatives farfelues du maire de Kiev raidissent jusqu'aux plus patients des habitants de la capitale.

Jeudi, 1.500 Kiéviens, entrepreneurs et médecins ont protesté contre l'«arbitraire» de Léonid Tchernovetski, dont le comportement souvent détonant lui a valu d'être surnommé «le maire de tous les Martiens» et «Lionia (diminutif de Léonid) Cosmos».

«Dehors le maire», ont scandé les manifestants réunis devant la mairie de cette ville de 3 millions d'habitants.

Ancien patron d'une des plus grosses banques ukrainiennes, il a été réélu maire de Kiev en mai 2008, lors d'un scrutin anticipé décidé par le Parlement après de nombreux scandales autour de la distribution de terrains dans la capitale.

Les accusations de corruption n'ont pas empêché cet homme de 57 ans aux cheveux gris et souriant qui se déplace tantôt en Maybach tantôt en Rolls Royce, d'être réélu, grâce au soutien de ses «chères babouchkas», les femmes les plus pauvres qui bénéficient d'aides financières de la mairie.

Alors que le pays est lourdement frappée par la crise économique mondiale, M. Tchernovetski a multiplié les initiatives les plus rocambolesques pour remplir les caisses municipales mais aussi, selon ses détracteurs, ses propres poches.

Ces derniers mois, la mairie a tenté de rendre payants les services médicaux, dont la gratuité est prévue par la Constitution, et l'entrée de voitures dans les cimetières, ainsi que de quintupler le prix des services municipaux.

La mairie a organisé plusieurs dîners pour des hommes d'affaires qui devaient payer entre 5.000 et 50.000 dollars pour participer, selon le quotidien en ligne Korrespondent.

Elle propose aussi de déplacer des retraités dans des établissements spécialisés pour louer leurs appartements au profit de la mairie. Et le maire se dit prêt à vendre aux enchères tout ce qui peut être vendu, même «l'air qu'on respire».

«Mes babouchkas ont besoin de tout cela», explique ce fidèle d'une église protestante, créée à Kiev par un Nigérian soupçonné d'escroquerie par la police ukrainienne.

Parmi ses projets les plus insolites figure la mise en loterie de ses baisers et étreintes.

«On peut mettre tout en loterie: une promenade dans ma Mercedes blindée (...), on peut s'étreindre, s'embrasser, recevoir de moi un livre devant toute la presse d'Ukraine», écrit le maire dans un texte rendu public par le quotidien en ligne Ukraïnska Pravda.

M. Tchernovetski a aussi tenté une carrière d'artiste, en présentant ce mois son premier clip musical et annonçant la prochaine sortie d'un disque sur lequel il exécutera des chansons populaires des années 80.

«Je gagnerai un million de dollars par jour car qui chante mieux que moi? Personne, seulement Dieu», s'est-il vanté, selon le quotidien Gazeta po-kievski.

La plupart de ces idées sont toutefois peu appréciées par ses administrés: 71% se disent mécontents de ses activités, selon un sondage téléphonique réalisé auprès d'un échantillon de 1.000 personnes par l'Institut Gorchenine à la mi-février.

ant/neo/ca