Le conflit israélo-palestinien est emblématique de tensions qui existent un peu partout au Moyen-Orient, selon un politologue israélien.

Dans cette région, les frontières des États ont été tracées arbitrairement par les puissances coloniales, qui n'ont pas tenu compte des limites géographiques des nations. Ce multiculturalisme forcé aggrave la violence de l'océan Indien jusqu'à la Méditerranée.

«La plupart des observateurs s'entendent pour dire que tant que les frontières de la Palestine ne seront pas définitivement arrêtées et acceptées, le conflit va continuer, explique Benjamin Miller, politologue à l'Université de Haïfa. Selon moi, ce raisonnement ne tient pas seulement pour Israël. Il faudrait l'appliquer un peu partout dans la région, de l'Irak au Liban, en passant par l'Iran. Partout où il existe plusieurs nations qui coexistent malaisément dans le même État.»

 

M. Miller était invité l'automne dernier à l'Université McGill pour expliquer sa thèse, exposée dans son livre States, Nations, and the Great Powers: The Sources of Regional War and Peace. Il donne comme autre exemple l'Irak, qui a récemment connu un calme relatif.

«L'augmentation du nombre de soldats américains et l'alliance sunnite anti-Al-Qaeda a évidemment contribué à ce calme. Mais il faut aussi reconnaître qu'il y a eu beaucoup de déplacements de population entre les zones chiite et sunnite. Plus de 20 000 Palestiniens sunnites ont été expulsés de zones chiites de Bagdad où ils étaient installés depuis 60 ans.»

Cela signifie-t-il que le conflit palestinien devrait être réglé au moyen de transferts de population? «Non, pas pour le moment, dit M. Miller. Avec le niveau actuel d'hostilités, on verrait une violence terrible et des milliers de victimes. Si la situation peut devenir plus calme, et que la Palestine peut sortir de son marasme économique et politique, peut-être pourra-t-on échanger certaines colonies juives en Cisjordanie contre des régions israéliennes à majorité arabe avec le consentement de tout le monde.»