La Belgique attendait toujours dimanche soir un gouvernement, deux jours après la chute de celui de M. Leterme, avec un scénario privilégié : celui d'un gouvernement de transition avec les partis de la coalition sortante, avant peut-être des élections anticipées en juin 2009.

Depuis qu'Yves Leterme a présenté sa démission vendredi à la suite à d'accusations de pression sur la justice dans l'affaire Fortis, le roi des Belges Albert II consulte les responsables politiques du pays.

Dimanche soir, il recevait pour la deuxième fois du week-end Marianne Thyssen, la présidente du parti chrétien-démocrate flamand (CD&V), le parti d'Yves Leterme. Le roi avait auparavant reçu depuis vendredi les principaux responsables politiques de la majorité, qui réunit libéraux et chrétiens-démocrates côté flamand et libéraux, socialistes et centristes côté francophone.

Une décision devrait être prise rapidement, la plupart des responsables politiques ayant appelé à éviter une vacance politique dans le contexte de crise économique que connaît la Belgique comme le reste de l'Europe.

Le chef du parti libéral francophone belge Didier Reynders - qui a écarté la possibilité de prendre lui-même la tête du gouvernement en raison de l'hostilité des socialistes - a dit «espérer» une décision dès dimanche soir.

Le nom du nouveau Premier ministre était en tout cas attendu avant la diffusion du discours de fin d'année du souverain prévu pour mercredi à la mi-journée.

Afin de mettre fin aux rumeurs d'une éventuelle reconduction de M. Leterme, son porte-parole a affirmé dimanche soir que le Premier ministre démissionnaire n'était «pas candidat à sa succession ou pour jouer un rôle dans un prochain gouvernement».

Un maintien qui semblait de toute façon peu probable, tant la crédibilité d'Yves Leterme est entamée.

Mais personne ne s'attend pour autant à un remaniement en profondeur du gouvernement, car cela demanderait de trop longues tractations.

Du coup, les noms qui revenaient le plus souvent pour succéder à Yves Leterme étaient ceux de deux chrétiens-démocrates flamands comme lui, ce qui permettrait de préserver l'équilibre actuel au sein de la majorité : Herman Van Rompuy, le président de la Chambre des députés, et Jean-Luc Dehaene, ex-Premier ministre, deux vétérans de la politique belge.

«Qui le CD&V veut voir à la tête du gouvernement ? S'il y a une proposition, on avancera», a estimé M. Reynders.

Le nom de l'ex-Premier ministre libéral flamand Guy Verhofstadt était aussi fréquemment mentionné.

Le scénario que beaucoup considèrent comme probable est celui de la nomination d'un gouvernement de transition - jusqu'aux élections régionales de juin 2009 qui pourraient être couplées à des législatives anticipées - reprenant pour l'essentiel les partis de la coalition hétéroclite sortante. A moins que le roi ne nomme un Premier ministre jusqu'à la fin de la législature, en 2011.

«La grande question est (...) de savoir si ce gouvernement sera un gouvernement de transition jusqu'en juin, ou au contraire un gouvernement de législature jusqu'en 2011, dans un agenda économique et social déjà balisé», explique l'analyste Pierre Vercauteren.

Yves Leterme, qui avait été très critiqué pour sa gestion des tensions entre néerlandophones et francophones, a chuté paradoxalement sur un dossier qui avait redonné un peu de crédibilité à son gouvernement : le sauvetage du bancassureur belgo-néerlandais Fortis, premier employeur privé de Belgique. D'où le «Fortisgate» évoqué dans la presse.

Sa démission a replongé la Belgique dans les turbulences politiques dont elle pensait être sortie jusqu'en juin prochain.

Depuis l'été 2007, le royaume a connu une crise quasi-ininterrompue en raison des disputes entre Flamands néerlandophones et francophones sur l'avenir du pays, privé de gouvernement stable pendant une période record de neuf mois.