Les forces de sécurité serbes ont procédé lundi pendant près de cinq heures à la fouille exhaustive d'une usine de l'ouest du pays, susceptible de conduire à l'un des hommes les plus recherchés au monde, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic.

Cette opération d'envergure intervient à quelques jours de la visite à Belgrade du procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI), Serge Brammertz, qui a été confirmée pour les 17 et 18 novembre.

Cette visite est d'autant plus importante qu'elle sera la dernière en Serbie avant le rapport que le procureur adressera en décembre aux Nations unies pour évaluer les progrès de Belgrade dans sa coopération avec le TPI.

Et cette coopération conditionne pour beaucoup les progrès de la Serbie vers l'Union européenne, Belgrade aspirant au statut de candidat à l'Union en 2009.

Une source policière a confirmé à l'AFP que l'opération conduite dans une usine de la périphérie de Valjevo, dans l'ouest du pays, non loin de la Bosnie-Herzégovine, était terminée mais qu'elle n'avait conduit à aucune arrestation.

L'opération s'est achevée vers 14h30 (10 h HNE), a précisé l'agence de presse serbe Beta. Elle avait débuté à 10h00 locales (4 h HNE) et a par conséquent duré près de cinq heures. L'ensemble des locaux de l'usine Vujic-Valjevo, qui fabrique essentiellement des encadrements de portes et fenêtres, ont été passés au peigne fin.

Les demeures des propriétaires de l'usine, les frères Vidoje et Vladislav Vujic, ont également fait l'objet de perquisitions, selon la chaîne de radio et de télévision B92. Vidoje a assuré cependant devant le même média n'avoir «jamais rencontré de sa vie» le général Mladic et «ne pas le connaître personnellement». Il a indiqué que les enquêteurs avaient confisqué des téléphones portables.

Selon Beta, l'opération des forces de sécurité visait à découvrir des documents ou des objets personnels susceptibles de reconstituer les déplacements du général Mladic, ainsi que les aides financières dont il aurait bénéficié.

Le général Mladic est inculpé depuis 1995 pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité par le TPI pour son rôle pendant les guerres de Bosnie (1992-1995).

Les autorités serbes ont reconnu que l'ancien militaire avait vécu un temps dans plusieurs appartements à Belgrade. Il pouvait être encore aperçu dans les rues du centre de la capitale serbe, avant la chute de Slobodan Milosevic, en octobre 2000. Sa trace se perd complètement à partir de juin 2002.

Un ancien responsable de la police secrète serbe, Goran Petrovic, avait confié en 2006 au quotidien bosniaque Dnevni Avaz que le général Mladic avait déjà été repéré dans la région de Valjevo.

L'ancien militaire y avait été localisé en 2001 à la suite de l'interception d'une conversation téléphonique, avait ajouté Goran Petrovic.

Ce n'est pas la première fois que Belgrade annonce des opérations pour retrouver Ratko Mladic. Mais tous ces efforts se sont révélés jusqu'ici vains.

Le gouvernement pro-UE, en place depuis juillet, avait frappé un grand coup en annonçant le 21 juillet l'arrestation de l'autre principale figure des inculpés du TPI, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic.

Avec cette arrestation, Belgrade avait estimé avoir montré suffisamment sa détermination à en finir avec cette affaire des inculpés du TPI, qui hypothèque les progrès de la Serbie vers l'UE. Le Tribunal réclame aussi l'arrestation de l'ancien chef des Serbes séparatistes de Croatie, Goran Hadzic.

L'arrestation de Ratko Mladic «constitue le principal problème de ce gouvernement», avait déclaré fin octobre le ministre serbe en charge de la coopération avec le TPI, Rasim Ljajic, déplorant que la «Serbie toute entière soit désormais devenue littéralement l'otage de Ratko Mladic».

Le chef de la diplomatie serbe, Vuk Jeremic, avait encore déclaré vendredi dernier que personne ne pouvait savoir où se trouvait l'ancien général.