L'accident samedi à bord d'un sous-marin russe à propulsion nucléaire aui a fait 20 morts et 21 blessés en mer du Japon, drame le plus meurtrier depuis la catastrophe du Koursk en 2000, est dû selon les autorités à la défaillance du système anti-incendie, qui a provoqué la diffusion de fréon, gaz refroidissant mais toxique.

Selon un porte-parole de la Marine, le capitaine Igor Dygalo, le sous-marin qui n'a pas été endommagé et dont la partie nucléaire n'a pas été touchée a rejoint sa base sur la côte pacifique russe par ses propres moyens. Le bâtiment est rentré à son port de Bolchoï Kamen, près de Vladivostok (Extrême-Orient russe), selon la télévision d'Etat Rossiya.La surpopulation à bord du submersible pourrait avoir été un élément déterminant dans cet accident. Il y avait 208 personnes à bord, dont 81 marins, d'après le porte-parole de la Marine. Toutefois, d'après les agences de presse russes, ce type d'appareil est prévu pour 73 membres d'équipage.

«Un sous-marin est particulièrement vulnérable pendant les essais. Avec à la fois du personnel de Marine et des civils à bord, il est très difficile de maintenir un grand nombre de gens organisés», a commenté Gennady Illarionov, un officier sous-marinier retraité, cité par l'agence RIA-Novosti.

La Marine n'a pas divulgué le nom du sous-marin. Mais selon des responsables du chantier naval où il a été construit, cités par les agences de presse russes, il s'agit du «Nerpa», un submersible de classe Akula II. Ce bâtiment était en phase d'essais avant son intégration prévue avant la fin de l'année dans la Flotte du Pacifique, effectuant sa première plongée la semaine dernière.

L'accident est survenu samedi lors d'une sortie d'essais «dans le polygone de la Flotte du Pacifique, dans le secteur de la Mer du Japon», avec 208 hommes à bord, dont 81 marins et des techniciens du chantier naval, a expliqué le capitaine Dygalo. Le drame, a-t-il ajouté, est le «résultat d'une défaillance du système anti-incendie dans les première et deuxième sections» du submersible près de l'avant du bâtiment.

Pour une raison encore indéterminée, ce système anti-incendie s'est déclenché inopinément, provoquant l'émission de fréon, dont des traces ont été retrouvées dans le poumons des victimes.

Ce gaz aux propriétés réfrigérantes permet de neutraliser un incendie survenu dans le compartiment d'un sous-marin. Mais le fréon est toxique et les victimes, 17 civils et trois marins, sont décédées par asphyxie, a déclaré Serguei Markine, un responsable de la commission d'enquête du parquet russe. Il n'a pas exclu une violation des règles de mise en oeuvre et une erreur humaine.

D'après l'expert chimiste Lev Fyodorov, le fréon a pris la place de l'oxygène dans les compartiments touchés, provoquant l'asphyxie des occupants. On ignore pourquoi ces personnels n'ont pas activé les masques à oxigène individuels dont ils étaient censés être équipés, a-t-il ajouté.

«Le sous-marin n'est pas endommagé. Les sections ont été ventilées. Je voudrais souligner en particulier que la partie nucléaire fonctionne normalement. Les niveaux de radiation sont normaux», a déclaré le capitaine Dygalo. Les 21 blessés, a-t-il dit, ont été transférés à bord d'un autre bâtiment et hospitalisés.

Cet accident est le plus meurtrier depuis le drame du Koursk qui a fait 118 morts en août 2000 en mer de Barents, dans le nord de l'Europe. Le sous-marin avait coulé suite à l'explosion d'une torpille. Vladimir Poutine, qui entamait alors la première de ses huit années de présidence, avait été critiqué pour sa lenteur de réaction et sa mauvaise communication. Un autre sous-marin, retiré du service, avait coulé dans la mer de Barents en 2003, faisant 11 morts.