Gordon Brown a savouré vendredi la victoire surprise de son parti travailliste lors d'une législative partielle clé en Ecosse, un succès qui consacre le spectaculaire retour en grâce du Premier ministre britannique à la faveur de la crise financière.

La circonscription de Glenrothes, une ancienne région minière située au nord d'Edimbourg, menaçait de basculer vers le parti indépendantiste écossais SNP. Cette issue aurait fragilisé la position électorale du Labour et ravivé les doutes sur la capacité de M. Brown à mener son parti au succès aux prochaines élections législatives, au plus tard en 2010.

Contre toute attente, le candidat du Labour, Lindsay Roy, a maintenu dans l'un de ses fiefs une confortable avance de 6.737 voix sur son rival du SNP. Un total inférieur à la majorité de 10.000 voix dont le Labour disposait en 2005, mais suffisant pour faire mentir des sondages très défavorables il y a encore quelques semaines.

Ce résultat permet au Labour d'oublier trois revers consécutifs ces derniers mois lors d'élections partielles. Il valide aussi la décision de M. Brown de s'impliquer personnellement dans la campagne et confirme son récent regain de popularité.

Le chef du gouvernement, qui était à Glenrothes en terrain connu puisqu'il représente la circonscription voisine de Kirkcaldy and Cowdenbeath, n'a pas manqué de lier cette victoire à sa gestion unaniment saluée de la crise financière, y voyant un témoignage de confiance des électeurs.

«Ce que j'ai appris de cette élection partielle, c'est que les gens sont prêts à soutenir les gouvernements qui les aident à traverser ce ralentissement (économique) et leur offrent une véritable aide», a-t-il déclaré à la presse peu avant de s'envoler pour Bruxelles où il devait participer au sommet extraordinaire des dirigeants européens consacré à la crise.

La cote de popularité de M. Brown, abyssale pendant l'été, s'est redressée ces dernières semaines après une série de mesures énergiques, qui ont notamment permis d'éviter l'effondrement du système bancaire. Un sondage créditait la semaine passée le Labour de seulement huit points de retard sur les conservateurs. Cet écart avait culminé à 28 points en septembre.

Le Premier ministre espère avoir tiré un trait sur une année houleuse, au cours de laquelle sa popularité n'a cessé de lentement se dégrader depuis sa décision douze mois plus tôt de ne pas convoquer d'élections anticipées, après avoir longtemps laissé entrevoir cette éventualité.

Pour le ministre en charge de l'Ecosse, Jim Murphy, les électeurs de Glenrothes ont montré leur «approbation personnelle très forte» de Gordon Brown.

Leur vote représente aussi le premier échec du SNP, depuis qu'il est devenu le principal parti représenté au parlement écossais en devançant le Labour aux élections régionales de 2007. Le SNP entend proposer en 2010 un référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, une option à laquelle M. Brown, lui-même Ecossais, est farouchement opposé.

Le chef du SNP et Premier ministre écossais Alex Salmond a endossé la responsabilité de la défaite. Disant sa «déception», il a cependant relativisé cette contre-performance, en remarquant que le nombre de suffrages en faveur de son parti avait significativement augmenté par rapport à 2005.

La numéro deux du SNP, Nicola Sturgeon, a elle dénoncé la «campagne inlassablement négative» du Labour, autour de «questions très locales», et nié que la victoire des travaillistes puisse être attribuée à la meilleure image de M. Brown.

Rendu populaire par des mesures telles que la suppression de la taxe foncière et de la taxe d'habitation, le SNP avait ravi au Labour en juillet un siège réputé imprenable à Glasgow-est (Ecosse).

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