Les détracteurs du président français Nicolas Sarkozy qui espèrent lui lancer un sortilège en utilisant une poupée vaudou récemment mise sur le marché ont intérêt à se précipiter en magasin avant qu'il ne soit trop tard.

Le fougueux politicien n'apprécie pas du tout l'initiative de la maison d'édition K&B, qui propose une figurine de M. Sarkozy dans le Manuel vaudou, un «livre-objet humoristique et interactif» en vente depuis une dizaine de jours. Au point de mandater son avocat pour en faire cesser la diffusion.

 

Le singulier ouvrage, offert au prix d'une vingtaine de dollars, comprend une biographie «caustique» du chef d'État ainsi qu'une douzaine d'aiguilles qui peuvent être plantées sur le corps de la poupée à des endroits où sont reproduits certains de ses slogans électoraux et de ses déclarations les plus percutantes. Dont le retentissant «Casse-toi, pauv' con» lancé à un homme qui avait refusé de lui serrer la main dans un salon agricole.

Les acheteurs, souligne la maison d'édition dans son matériel promotionnel, seront capables grâce à la poupée de «conjurer le mauvais oeil» et «d'empêcher Nicolas Sarkozy de causer davantage de dommages».

Menaces juridiques

L'avocat du président, Thierry Herzog, a assigné en justice l'entreprise pour «violation du droit à l'image». Il demande «la cessation de la diffusion de la poupée» et l'imposition d'une amende de 1500$ pour chaque infraction.

Les éditeurs jugent que les menaces juridiques émanant de l'Élysée sont «totalement disproportionnées compte tenu de l'aspect ludique et humoristique du manuel». Ils rappellent du même coup que Nicolas Sarkozy s'était livré à un vibrant plaidoyer en faveur de la liberté d'expression lors de la polémique sur les caricatures de Mahomet.

L'hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné fait ses choux gras de l'esclandre en l'évoquant cette semaine dans «le journal de Carla B.», un feuilleton pastichant les pensées de la femme du président.

«Les malfaisants peuvent y enfoncer des aiguilles. Je calme mon petit superstitieux en lui racontant qu'il s'agit en fait d'un traité d'acupuncture», écrit la fausse Carla Bruni.

Ségolène Royal aussi

L'homme politique français n'est pas le seul à se faire piquer par la maison d'édition, qui a aussi mis sur le marché une figurine de Ségolène Royal.

Parmi les inscriptions reproduites sur sa poupée figure le «Vive le Québec libre» de Charles de Gaulle, en allusion au fait que l'ex-candidate socialiste s'était mis les pieds dans le plat en évoquant la question de la souveraineté du Québec durant la campagne présidentielle de 2007.

L'avocat de Mme Royal, Jean-Pierre Mignard, a déclaré cette semaine qu'elle pourrait porter plainte pour «atteinte à la dignité de la personne humaine».