(Baltimore) Une grue est arrivée à l’emplacement d’un pont autoroutier effondré à Baltimore, alors que les équipes se préparaient vendredi à commencer à nettoyer l’épave qui a bloqué la recherche des quatre travailleurs portés disparus et empêché les navires d’entrer ou de sortir du port vital de la ville.

Une grue capable de soulever 1000 tonnes — décrite comme la plus grande de la côte est — devait arriver jeudi soir, et une seconde, capable de soulever 400 tonnes, devrait arriver samedi, ont indiqué plus tôt les autorités. Elles seront utilisées pour dégager le chenal des restes de métal tordus et de béton du pont Francis Scott Key, ainsi que du cargo qui l’a heurté cette semaine.

Des plongeurs avaient déjà récupéré les corps de deux hommes dans une camionnette dans la rivière Patapsco, mais la nature et l’emplacement des débris ont compliqué les efforts visant à retrouver les quatre travailleurs toujours portés disparus et présumés morts.

« Les plongeurs peuvent mettre leurs mains sur cette façade, et ils ne peuvent même pas voir leurs mains », a déclaré Donald Gibbons, instructeur aux centres techniques des charpentiers des États de l’Atlantique Est. « Nous disons donc une visibilité nulle. C’est un peu comme s’enfermer dans un placard sombre par une nuit noire et ne pouvoir rien voir. »

Les plongeurs doivent couper les débris pour les enlever, a expliqué M. Gibbons, car les objets au fond ne peuvent pas bouger sans perturber l’ensemble de la pile.

PHOTO MANDEL NGAN, AGENCE FRANCE-PRESSE

« Nous utilisons donc des solutions de brûlage et de découpe sous-marines pour réduire la taille de ces morceaux, de sorte que lorsque nous les coupons, nous n’affectons pas la totalité du tas », a indiqué M. Gibbons, qui n’est pas impliqué dans l’effort de Baltimore.

« Les meilleurs cerveaux du monde » travaillent sur cette opération de nettoyage, a assuré le gouverneur du Maryland, Wes Moore. Le Corps des ingénieurs de l’armée américaine pour le district de Baltimore et la marine américaine vont notamment mobiliser d’importantes ressources.

« Ça ne concerne pas seulement le Maryland, a rappelé M. Moore. Ça affecte l’économie de tout le pays. Le port de Baltimore gère plus de voitures et plus de matériel agricole que n’importe quel autre port aux États-Unis. »

Le gouverneur a prévenu qu’il faudra du temps pour reprendre les activités normales, mais il s’est dit reconnaissant envers l’administration du président Joe Biden d’avoir approuvé une aide immédiate de 60 millions US. M. Biden a aussi déjà confirmé que le gouvernement fédéral paierait l’intégralité du coût de la reconstruction du pont.

« On ne parle pas d’heures, de jours, ou même de semaines, a averti M. Moore. Nous avons un très long chemin devant nous. »

Les dégâts causés par la collision entre le cargo et le pont survenue mardi sont considérables.

Les autorités fédérales et celles du Maryland ont estimé que la collision et l’effondrement semblaient être le résultat d’un accident.

Les victimes, qui faisaient partie d’une équipe de construction réparant les nids-de-poule sur le pont, venaient du Mexique, du Guatemala, du Honduras et du Salvador. Au moins huit personnes sont tombées à l’eau lorsque le navire a heurté la colonne du pont, et deux d’entre elles ont été secourues mardi.

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Deux hommes pleurent lors d’un rassemblement en hommage aux victimes de la tragédie, le 28 mars à Baltimore.

L’accident a provoqué la rupture du tablier du pont et sa chute à l’eau en quelques secondes. Les autorités ont tout juste eu le temps d’arrêter la circulation des véhicules avant la collision, mais elles n’ont pas eu l’occasion d’alerter l’équipe de travailleurs.

Le cargo Dali, géré par Synergy Marine Group, se dirigeait vers le Sri Lanka. Il transportait près de 4700 conteneurs maritimes, dont 56 contenaient des matières dangereuses. Quatorze d’entre eux ont été détruits, ont indiqué les autorités.

On pense qu’environ 80 litres d’huile provenant d’un propulseur d’étrave du navire ont provoqué un reflet dans la voie navigable. Des barrages flottants ont été placés pour empêcher toute propagation de pétrole, et les responsables de l’environnement de l’État échantillonnent l’eau et l’air.

De 1960 à 2015, il y a eu 35 effondrements majeurs de ponts dans le monde en raison de collisions avec des navires ou des barges, selon l’Association mondiale pour les infrastructures de transport maritime et fluvial.