Confronté à un double péril judiciaire, Donald Trump a vécu lundi, à New York, une journée comparable à une chevauchée en montagnes russes. Au milieu de la matinée, son moral a atteint un sommet inespéré grâce à la décision d’une cour d’appel de reporter et de réduire sa caution judiciaire dans une affaire civile. Puis il a effectué une plongée vertigineuse, peu après, lorsqu’un juge a refusé de repousser une autre fois son procès pénal en lien avec l’affaire Stormy Daniels. Cinq questions pour se retrouver dans ces rebondissements.

Quelle est cette décision qui a tant réjoui Donald Trump ?

Une cour d’appel de New York lui a lancé une bouée de sauvetage en réduisant le montant de la caution qu’il devait fournir lundi pour en appeler d’un jugement imposé à l’issue de son procès pour fraudes à New York, en février dernier. Le tribunal a fait passer ce montant de 454 millions de dollars à 175 millions de dollars, tout en accordant à l’ancien président un délai de dix jours supplémentaires pour garantir cette somme.

Sans cette intervention, la procureure générale de l’État de New York, Letitia James, aurait pu commencer dès lundi à saisir les biens immobiliers et les comptes bancaires de Donald Trump. Les juges de la cour d’appel n’ont pas expliqué leur décision dans le document laconique de deux pages l’annonçant, ce qui n’a rien d’anormal en soi.

Donald Trump pourra-t-il garantir les 175 millions de dollars requis ?

En s’adressant aux journalistes, il a déclaré son intention de déposer « très rapidement, dans les 10 jours, 175 millions de dollars en espèces ou en garanties ». Selon une analyse du New York Times, il dispose de plus de 350 millions de dollars en liquidités, actions ou obligations.

Qu’il ait ou non cette somme, il a salué un rebondissement que même ses avocats n’espéraient plus, compte tenu notamment du fait que la division d’appel de la Cour suprême de l’État de New York n’a pas l’habitude de rendre des décisions les lundis. « Je respecte grandement la décision de la division d’appel », a déclaré Donald Trump devant les journalistes.

Dans un courriel de collecte de fonds, il a exulté : « La Trump Tower reste à moi. » En réalité, il n’est pas propriétaire de ce gratte-ciel.

Cette décision remet-elle en question le jugement imposé par le juge Arthur Engoron en février dernier ?

Non, mais… Selon une porte-parole de la procureure générale de l’État de New York, le jugement « reste valable » et Donald Trump « doit toujours répondre de sa fraude stupéfiante ».

Après avoir déclaré l’ancien président responsable de fraudes financières s’étalant sur 10 ans et visant à gonfler la valeur de ses actifs pour obtenir des prêts plus favorables des banques et de meilleures conditions d’assurance, le juge Engoron l’a condamné à 355 millions de dollars d’amende, somme qui s’élève à 464 millions de dollars en tenant compte des intérêts.

Mais la décision de la cour d’appel concernant la caution judiciaire signifie peut-être que des juges pourraient réduire le montant de l’amende imposée par le juge Engoron.

Comment s’est produit le rebondissement concernant l’affaire Stormy Daniels ?

Le juge chargé de l’affaire, Juan Merchan, avait déjà reporté d’au moins 30 jours, soit jusqu’à la mi-avril, le procès pénal de Donald Trump qui devait commencer lundi. Or, au lieu d’entreprendre la sélection des jurés, il a tenu une audience où les avocats de l’ancien président ont demandé un report du procès de 90 jours ou son annulation pure et simple.

PHOTO CHARLY TRIBALLEAU, AGENCE FRANCE-PRESSE

Donald Trump

Cette demande découle de la remise récente d’une masse de documents issus d’une enquête fédérale sur la même affaire. Les avocats de Donald Trump ont accusé le procureur de Manhattan Alvin Bragg d’avoir cherché à cacher ces documents. L’accusation a fait bondir le juge, qui a élevé la voix en demandant à l’un des avocats de l’ex-président de prouver ses dires.

« Vous accusez littéralement le bureau du procureur de Manhattan et les personnes chargées de cette affaire de mauvaise conduite et vous essayez de m’en rendre complice », a dénoncé le juge avant d’annoncer une pause de 45 minutes.

Après le retour de la pause, il a fixé au 15 avril le début du procès, jugeant que les avocats de la défense auraient amplement le temps d’examiner les nouveaux documents d’ici là.

Donald Trump est accusé d’avoir falsifié des documents d’entreprise pour dissimuler le versement d’une somme de 130 000 $ à l’actrice porno Stormy Daniels en échange de son silence sur une relation sexuelle avec lui. Le versement est intervenu peu avant l’élection présidentielle de 2016.

Des quatre affaires criminelles visant Donald Trump, celle de New York pourrait être la seule à donner lieu à un procès avant l’élection présidentielle.

Comment Donald Trump a-t-il réagi à cette décision ?

Très mal. « Je ne sais pas comment on peut avoir un procès qui se déroule en plein milieu de l’élection », a déclaré le candidat républicain à la présidence, tout en dénonçant une « interférence électorale » et une « intimidation des électeurs ». À l’instar de ses avocats, Donald Trump a promis d’en appeler de la décision du juge Merchan. Il n’est cependant pas certain qu’un tel recours soit encore possible.

Le procès de New York devrait durer environ six semaines. Il couvrira ainsi une des périodes les plus calmes de la campagne présidentielle. Donald Trump n’a d’ailleurs participé qu’à un rassemblement politique depuis qu’il est devenu le candidat probable du Parti républicain à la présidence, le 12 mars dernier.