(Lewiston) Le président Joe Biden et la première dame Jill Biden ont ajouté vendredi un bouquet de fleurs blanches à un mémorial de fortune à l’extérieur du Schemengees Bar and Grille, l’un des lieux de la fusillade de masse la plus meurtrière de l’État du Maine.

Ils sont restés debout pendant un moment de silence avant de se pencher pour enlacer la propriétaire du bar, Kathy Lebel. Dans cet établissement, huit personnes sont mortes lors du massacre du 25 octobre, ainsi que sept au salon de quilles Just-In-Time Recreation situé à proximité. Trois autres sont décédées à l’hôpital.

M. Biden est venu à Lewiston pour faire ce que font les présidents en ces moments d’horreur et de chagrin : apporter du réconfort aux familles des victimes et montrer leur soutien à une communauté ébranlée. Mais c’est un type de voyage devenu trop familier, malgré une loi bipartite sur la sécurité des armes à feu adoptée l’année dernière après une autre fusillade de masse, et malgré une série de décrets du président destinés à mettre fin à la violence armée.

« Trop de fois, le président et la première dame se sont rendus dans des communautés complètement déchirées par la violence armée, a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, à la veille du voyage des Biden. Nous ne pouvons pas l’accepter comme étant normal. »

Outre les personnes tuées, 13 personnes ont été blessées dans la fusillade.

Joni Ramos, de Lewiston, a passé une partie de la journée à attacher des rubans aux poteaux en hommage aux victimes, dans l’espoir que le président Biden les verrait.

« Nous espérons beaucoup qu’il verra tous les rubans que nous avons autour de la communauté pour constater à quel point cela a eu un impact fort sur nous et combien il est important de l’avoir dans la communauté en ce moment », a déclaré M. Ramos.

Le président démocrate a déjà déclaré qu’il était déterminé à lutter contre la violence armée aux États-Unis. Il a créé le premier bureau de prévention de la violence armée à la Maison-Blanche, chargé de trouver des solutions et de mettre pleinement en œuvre la législation historique sur la sécurité des armes à feu adoptée l’année dernière. Il milite également pour l’interdiction des armes dites d’assaut.

Au moins 37 tueries aux États-Unis en 2023

Le président s’est déjà rendu dans d’autres communautés touchées par des fusillades de masse. Il est allé à Buffalo, dans l’État de New York, à Uvalde, au Texas, et Monterey Park, en Californie, au cours de la dernière année.

Il y a trop d’écoles, trop d’autres endroits du quotidien qui sont devenus des lieux de tueries, des champs de bataille ici en Amérique.

Joe Biden, président des États-Unis

En date de vendredi, il y a eu au moins 37 tueries aux États-Unis en 2023, faisant au moins 195 morts, sans compter les tireurs décédés, selon une base de données gérée par l’Associated Press et USA Today en partenariat avec l’Université Northeastern.

Des membres de la communauté ont visité le mémorial à l’extérieur de Schemengees pour pleurer toute la matinée. La visite des Biden pourrait aider la ville, mais il est terrible que cela doive se produire, a déclaré John Murphy, de New Gloucester, qui s’est rendu au mémorial pour présenter ses sympathies et honorer la mémoire des victimes.

M. Murphy, âgé de 70 ans, s’est dit heureux de la visite du président Biden, mais a ajouté : « Je suis désolé qu’il ait dû le faire à cette occasion. »

Il faudra des années pour que la communauté guérisse, a dit M. Murphy.

Il y avait également des monuments commémoratifs rendant hommage aux victimes à l’extérieur du Just-In-Time, le salon de quilles où la fusillade a commencé. Les médias et la police étaient rassemblés à proximité du site. Une rangée de citrouilles-lanternes bordait la route menant au salon par une journée d’automne froide et ensoleillée.

« Je ne vois pas ce problème dans d’autres pays »

La fusillade de masse incite de nombreux habitants à chercher des réponses.

Elizabeth Seal, qui a perdu son mari Josh dans la fusillade du Maine, a envoyé un message texte à propos de la visite du président Biden : « J’aimerais voir ce qu’il a à dire à notre communauté. »

Elle a déclaré dans une entrevue plus tôt cette semaine qu’elle était frustrée d’apprendre que des armes semi-automatiques avaient été utilisées. « En général, je n’ai aucun problème avec l’utilisation d’armes à feu, a-t-elle affirmé par l’intermédiaire d’un interprète en langue des signes. Certaines personnes se sentent plus à l’aise avec une arme à feu pour se protéger ou pour d’autres, c’est une tradition de chasse. Mais pourquoi disposons-nous d’armes semi-automatiques que les gens peuvent se procurer ? Qui causent des dommages si terribles ? »

Elle a ajouté : « Je n’en vois pas l’intérêt. Il n’y a aucune bonne raison à cela. J’espère donc que nos législateurs feront quelque chose pour changer cela. Je ne vois pas ce problème dans d’autres pays, n’est-ce pas ? C’est un problème américain. »

Dans l’ensemble, une majorité d’Américains souhaitent des lois plus strictes sur les armes à feu, quelles que soient les lois actuelles sur les armes à feu dans leur État, selon un sondage AP/NORC. Ce désir pourrait être lié à la perception qu’ont certains Américains de ce que moins d’armes peut signifier pour le pays : moins de fusillades de masse.

Dans le Maine, le tireur Robert Card, un instructeur d’armes à feu de 40 ans, a été retrouvé mort d’une blessure par balle apparemment auto-infligée à la suite des meurtres, après des recherches de plusieurs jours. Les autorités ont déclaré cette semaine que sa famille avait fait part de ses inquiétudes concernant la détérioration de sa santé mentale au shérif local cinq mois avant le carnage. L’homme avait également subi une évaluation de sa santé mentale après avoir commencé à se comporter de manière erratique dans un centre d’entraînement l’été dernier.

Plusieurs milliers de personnes ont assisté aux veillées en hommage aux victimes au cours du week-end, et les habitants ont commencé à retourner au travail et à l’école lundi après la levée des ordonnances de maintien à domicile.

Le président Biden a été informé de la fusillade alors qu’il organisait un dîner d’État à la Maison-Blanche en l’honneur de l’Australie. Il a ensuite quitté l’évènement pour s’entretenir par téléphone avec la gouverneure du Maine, Janet Mills, et les représentants de l’État au Congrès.

Mme Mills, une démocrate, a déclaré qu’elle pensait que la visite des Biden dans la ville serait importante, car elle montre que le pays est en deuil et que l’État bénéficie du soutien du président.

« En nous rendant visite en cette période difficile, le président et la première dame montrent clairement que la nation tout entière est aux côtés de Lewiston et du Maine — et j’en suis profondément reconnaissante », a-t-elle déclaré.