(Lewiston) Après deux jours d’intenses recherches policières, l’auteur présumé de la tuerie de Lewiston a été retrouvé mort, vendredi soir, dans un bois situé à une vingtaine de kilomètres du drame. Robert Card aurait mis fin à ses jours avec son arme à feu.

« Notre communauté peut pousser un soupir de soulagement », a annoncé le chef de la police de Lewiston, David St. Pierre, au sujet de la tragédie qui a tué 18 personnes âgées de 14 à 76 ans. « Notre travail n’est pas terminé, nous allons continuer à faire notre deuil avec les familles des victimes, mais je suis très heureux de pouvoir dire que la menace est écartée », a-t-il indiqué lors d’un point de presse à 22 h.

« Le temps est venu pour la guérison », a pour sa part ajouté la gouverneure du Maine, Janet Mills, également présente à la conférence de presse à l’hôtel de ville, où se sont entassés une centaine de journalistes. « Les forces de l’ordre continuent d’enquêter et d’amasser tous les faits afin de donner des réponses aux familles des victimes. Nos pensées et prières sont avec elles. »

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« Le temps est venu pour la guérison », a pour sa part ajouté la gouverneure du Maine, Janet Millis.

Le corps de Robert Card a été découvert vers 19 h 45 dans un bois de la ville voisine de Lisbon Falls, près de la rivière Androscoggin. Avion, hélicoptères, robots-plongeurs : c’est dans ce secteur que d’intenses recherches policières ont été menées jeudi. Selon plusieurs médias américains, le corps de l’homme de 40 ans aurait été retrouvé près d’un centre de recyclage où il a déjà travaillé.

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Le moment de sa mort n’a pas été révélé par les autorités du Maine. « Nous avons cherché sans relâche », a cependant assuré Michael Sauschuck, le commissaire du département de la Sécurité publique du Maine. Des centaines de policiers ont participé à cette immense chasse à l’homme.

La tuerie de Lewiston est la pire à survenir cette année aux États-Unis. Robert Card est accusé d’avoir ouvert le feu dans un restaurant-bar où se disputait un tournoi de poches et dans un salon de quilles, faisant 18 morts et 13 blessés.

Dans les deux cas, les policiers sont arrivés sur les lieux quelques minutes après les premiers signalements au 911, a expliqué le commissaire Sauschuck. Mais le tireur avait déjà pris la fuite. Il n’a pas été revu par les autorités avant d’être retrouvé mort vendredi.

« Il est mort en héros »

Plus tôt dans la soirée, les autorités ont officiellement révélé l’identité et la photo des 18 personnes qui ont péri lors de la tuerie.

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« Comme plusieurs de nos policiers, je connais quelques victimes personnellement et je peux vous dire que c’est très difficile », a indiqué David St. Pierre.

« Comme plusieurs de nos policiers, je connais quelques victimes personnellement et je peux vous dire que c’est très difficile », a indiqué David St. Pierre.

Quinze hommes, un adolescent et deux femmes ont perdu la vie dans le drame. Un père et son fils, un couple de personnes âgées, des pères de famille et quatre personnes de la communauté sourde font partie des victimes.

L’une de ces victimes est Joseph Walker. « Mon fils a pris un couteau qui traînait sur le bar, il s’est dirigé vers le tueur, qui l’a tué. Les policiers nous ont dit : “Il est mort en héros.” Je suis fier de lui, mais il aurait pu sortir par la porte située à seulement 15 pieds derrière lui et il ne serait pas mort », a raconté son père, Leroy Walker Sr.

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Leroy Walker Sr, père de Joseph Walker, une des victimes de la tuerie.

Âgé de 57 ans, le père de famille était le gérant de l’établissement Shamengees depuis près de huit ans.

Rencontré vendredi devant l’hôpital où plusieurs victimes du drame sont toujours hospitalisées, il a avoué qu’il aurait préféré que son fils se sauve lorsqu’il a entendu les coups de feu.

« Au lieu de ça, il a tenté de sauver les autres. Mon fils était comme ça, toujours prêt à défendre, à sauver et à aider. Alors nous en sommes ici, j’ai perdu mon fils et plusieurs autres sont morts. C’est une chose terrible. Jamais cette communauté n’aurait pu imaginer qu’un tel évènement se produirait ici. »

Leroy Walker Sr plaide pour que les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale reçoivent l’aide médicale nécessaire. Il souhaite un meilleur contrôle des armes à feu, mais reste réaliste.

« Dans l’État du Maine, il y a des millions d’armes à feu, on ne pourra pas toutes les faire disparaître », dit-il. Il aimerait qu’il soit possible d’acheter le type d’arme utilisée par le tueur, « une machine à tuer », mais que le canon soit enrayé. « Les balles de ce type de fusil traversent le corps comme un couteau dans le beurre. »

Malgré son deuil, il accepte de parler aux médias pour garder vivante la mémoire de son fils, qu’il surnomme Joey.

« J’espère que ça ne se reproduira jamais. Je prie le bon Dieu parce que la communauté pleure. Je m’ennuie de mon fils, j’aime mon fils. »