(Washington) Les autorités sanitaires américaines ont tiré lundi la sonnette d’alarme face à des chiffres très préoccupants concernant la santé mentale des lycéens, en particulier des jeunes filles, dans un rapport analysant les évolutions en la matière sur 10 ans.

Près d’une élève sur trois (30 %) a sérieusement envisagé de se suicider en 2021, contre 19 % en 2011, selon ce rapport des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), la principale agence sanitaire fédérale du pays.

Près de trois élèves sur cinq (57 %) se sont senties tristes ou désespérées en 2021 sur une période d’au moins deux semaines, les conduisant à interrompre leurs activités habituelles. Ce chiffre, qui représente environ le double de celui des garçons, est un record sur les dix dernières années. En 2011, seulement 36 % des filles déclaraient la même chose.

« Les adolescentes américaines sont submergées par une vague grandissante de tristesse, de violence et de traumatismes », a déclaré lors d’une conférence de presse Debra Houry, responsable aux CDC. « Ces données sont difficiles à entendre, et devraient déboucher sur des actions », a-t-elle ajouté.

Une élève sur cinq (18 %) a subi des violences sexuelles en 2021, et plus d’une sur dix (14 %) s’est vu imposer une relation sexuelle, selon le rapport.

« C’est très alarmant », a souligné Kathleen Ethier, directrice du département des CDC chargé des adolescents et de la santé à l’école. « Pour chaque groupe de dix adolescentes que vous connaissez, au moins l’une d’elles, et probablement plus, a été violée. Cette tragédie ne peut pas continuer. »

Outre les filles, le rapport souligne également les chiffres inquiétants concernant les élèves LGBT+. Près de 70 % d’entre eux ont ressenti une émotion persistante de tristesse ou de désespoir en 2021, et plus d’un sur cinq (22 %) a tenté de se suicider.

Pas un facteur unique

Ces données sont issues d’un questionnaire renseigné tous les deux ans par des élèves d’écoles secondaires aux États-Unis (entre 15 ans et 18 ans environ).

Au moment où les données les plus récentes ont été récoltées, à l’automne 2021, la plupart des écoles étaient rouvertes après les fermetures liées à la pandémie de COVID-19, mais la vie quotidienne des jeunes restait en partie perturbée.

D’autres études ont montré l’impact néfaste de la pandémie sur la santé mentale des adolescents. Le rapport souligne toutefois que cette tendance avait commencé avant l’arrivée du virus.

« L’isolation sociale liée à la pandémie a certainement aggravé les choses », a déclaré Kathleen Ethier.

Mais « il n’y a pas qu’un seul facteur conduisant à cela », a souligné Debra Houry, citant également les réseaux sociaux et les « sources de stress à l’école ».

Les deux responsables ont souligné le besoin immédiat d’apporter de l’aide à ces jeunes, notamment via des programmes de prévention à l’école.

« Les écoles sont vraiment en première ligne de cette crise de santé mentale », a estimé Kathleen Ethier. Un premier pas « est de s’assurer que les professeurs sont formés à gérer ces problèmes ».

Mme Houry a également souligné que les CDC finançaient des programmes de prévention et de sensibilisation au viol dans quasiment tous les États américains.

Les autorités ont enfin rappelé l’existence d’une permanence téléphonique contre le suicide pour les personnes en détresse aux États-Unis, le 988.