Depuis le 3 janvier, le républicain Kevin McCarthy tente de se faire élire à la présidence de la Chambre des représentants. Qui est-il ? Voici quelques réponses.

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Depuis 2007

Né à Bakersfield en Californie, Kevin McCarthy, qui aura 58 ans le 26 janvier, a siégé de 2002 à 2006 au Congrès de son État. Aux élections de mi-mandat du 7 novembre 2006, il est candidat à la Chambre des représentants des États-Unis dans le district numéro 22 de la Californie. Il est élu avec plus de 70 % des voix. Depuis, il a été réélu huit fois. Il représente maintenant le district numéro 20. Marié et père de deux enfants, il vit toujours à Bakersfield.

L’ascension

PHOTO DOUG MILLS, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Kevin McCarthy en 2015, alors leader de la majorité républicaine à la Chambre des représentants

Son ascension chez les républicains se fait rapidement. Nommé whip adjoint de la minorité après les élections de 2008, il devient, deux ans plus tard, whip de la majorité, les républicains ayant repris le contrôle du Congrès. Le 19 juin 2014, il devient leader de la majorité. Lorsque son collègue John Boehner annonce son intention de quitter la présidence de la Chambre, en septembre 2015, M. McCarthy présente sa candidature, mais la retire quelques jours plus tard. Il reste cependant leader de son parti.

Libye : la gaffe

Si Kevin McCarthy retire sa candidature en 2015, c’est notamment en raison d’une gaffe qu’il a commise en évoquant la création d’un comité de la Chambre pour se pencher sur l’attaque de l’ambassade des États-Unis en Libye qui a coûté la vie à l’ambassadeur J. Christopher Stevens le 11 septembre 2012. Sur Fox News, M. McCarthy déclare que ce comité a été mis sur pied pour faire baisser la cote de popularité d’Hillary Clinton, alors secrétaire d’État, et non pas en raison d’une grave erreur de l’administration Obama. Selon Jason Opal, professeur titulaire au département d’histoire et d’études classiques de l’Université McGill, cette prise de position a irrité les ultraconservateurs. « À mon avis, M. McCarthy s’est positionné par inadvertance comme un leader “un peu moins hostile” envers Obama [ennemi numéro un pour l’extrême droite] et Clinton [ennemi numéro deux], dit-il. Il a donc renoncé à sa candidature. »

Young Guns

PHOTO TOM BRENNER, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Paul Ryan, ancien président de la Chambre des représentants, en 2018

En septembre 2010, Kevin McCarthy et deux autres représentants républicains, Paul Ryan et Eric Cantor, publient l’ouvrage Young Guns : A New Generation of Conservative Leaders. Se définissant comme de « fiers républicains », les auteurs estiment néanmoins que leur parti a « perdu de vue les idéaux auxquels il croit tels la liberté économique, une réduction de la taille du gouvernement, le caractère sacré de la vie et la famille ». C’est Paul Ryan qui est devenu président de la Chambre en octobre 2015 en remplacement de John Boehner. Il ne s’est pas représenté aux élections de novembre 2018. Eric Cantor a quitté la vie politique en août 2014.

Résultats de 2020 : il nie leur validité, puis se rétracte

Kevin McCarthy fait partie des républicains qui, aux côtés de Donald Trump, ont nié la validité des résultats de la présidentielle du 3 novembre 2020. Ainsi, le 8 décembre, lors d’une rencontre du comité bipartisan sur les cérémonies d’investiture du nouveau président, il refuse de reconnaître les résultats. Le 20 janvier 2021, jour de la prestation de serment de Joe Biden, M. McCarthy prend du recul. Dans un communiqué, il déclare : « Avec des marges très minces à la Chambre et au Sénat et avec le président Biden promettant de représenter tous les Américains, je crois que nous pouvons nous unir et rétablir la paix, la prospérité et la sécurité. » Peu après la cérémonie, il rencontre Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris et les félicite.

Assaut du Capitole

PHOTO JOSE LUIS MAGANA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le 6 janvier 2021, des partisans de l’ancien président Donald Trump ont pris d’assaut le Capitole, à Washington, alors que le Congrès était en train de certifier la victoire de Joe Biden à la présidentielle de novembre 2020.

Le 6 janvier 2021, lors de l’assaut mené par les partisans de Donald Trump contre le Capitole, Kevin McCarthy est interviewé par Norah O’Donnell sur les ondes de CBS News. Il condamne sans ménagement la violence. Lorsque Mme O’Donnell lui demande s’il a parlé à Donald Trump, il répond : « J’ai été très clair durant mon appel avec le président : cela doit cesser, il doit s’adresser au public américain pour demander que cela cesse. » Quelques mois plus tard, le 6 juin 2021, lors d’une rencontre privée avec deux policiers ayant participé à la défense du Capitole, M. McCarthy leur dit que le président n’avait aucune idée de ce qui se passait, une déclaration enregistrée qui fait du bruit ! Or, des témoignages aux audiences du comité de la Chambre sur ces évènements indiquent le contraire.

Un bon négociateur ?

Quel genre de leader est Kevin McCarthy en Chambre ? « On dit que McCarthy aime négocier avec n’importe qui, au moins chez les conservateurs, et qu’il sait écouter ses rivaux, répond Jason Opal. Il se montre très flexible face aux différents camps chez les républicains, et il est capable, dans la mesure du possible, de collaborer avec Donald Trump sans céder complètement aux demandes de ce dernier. Et n’oublions pas qu’il vient de Californie, où les républicains aimeraient faire des gains ! »

Avec CNN, le Washington Post et USA Today