(San Antonio) La vedette américaine de basketball Brittney Griner est arrivée vendredi matin aux États-Unis après avoir été libérée d’une prison russe en échange d’un marchand d’armes surnommé le « marchand de mort ».

« Nous confirmons que Brittney Griner est arrivée à la base militaire de San Antonio au Texas […] et qu’elle a été transportée au centre médical militaire Brooke, conformément au protocole », a indiqué vendredi un porte-parole de cet important centre médical militaire.

L’Afro-Américaine de 32 ans, double championne olympique, a atterri à San Antonio vers 5 h 40 (heure de l’Est). Vêtue d’une veste rouge, elle est descendue de l’avion avant que le jour ne se lève, a constaté une journaliste de l’AFP.

PHOTO SUZANNE CORDEIRO, AGENCE FRANCE-PRESSE

Brittney Griner débarquant de l’avion à San Antonio, au Texas

Brittney Griner, qui avait été arrêtée en Russie en février en possession d’une vapoteuse contenant du cannabis dilué dans un liquide, et Viktor Bout, 55 ans, qui purgeait une peine de 25 ans dans une prison américaine, ont été échangés dans un aéroport d’Abou Dabi, aux Émirats arabes unis.

La joueuse de basketball a « bon moral », a déclaré vendredi le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby, sur MSNBC.

Dans un communiqué, la famille de Brittney Griner a exprimé sa « sincère gratitude envers le président Biden et son administration pour le travail inlassable qu’ils ont accompli pour ramener Brittney à la maison. »

« Soulagement »

Sur des images de l’échange, qui semble tout droit sorti de la Guerre froide, la sportive apparaît les cheveux ras, sans ses longues dreadlocks habituelles.

PHOTO MÉDIA D’ÉTAT RUSSE, FOURNIE PAR AGENCE FRANCE-PRESSE

Brittney Griner (à gauche)

Dans une autre vidéo diffusée par la chaîne pro-Kremlin RT, on voit Brittney Griner quitter sa colonie pénitentiaire sacs en main. Une gardienne lui demande en russe « Pensez-vous revenir un jour ici ? ».

Aux États-Unis, l’épouse de la basketteuse, Cherelle Griner s’est dite jeudi « submergée par les émotions ».

« Pas un jour lors de ces 10 derniers mois sans que nous ayons porté Brittney Griner dans nos cœurs et nos pensées », a déclaré la commissaire de la ligue professionnelle américaine de basketball féminin (WNBA), Cathy Engelbert.

L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont participé à la procédure d’échange, mais la Maison-Blanche a relativisé leur rôle.

« Les seuls pays ayant participé aux négociations sont les États-Unis et la Russie », a déclaré la porte-parole de l’exécutif américain Karine Jean-Pierre.

Paul Whelan « fortement déçu »

Un haut responsable américain a affirmé que la discussion avec Moscou était restée focalisée sur la libération de Brittney Griner, et les États-Unis l’ont fait savoir à l’Ukraine ainsi qu’à d’autres alliés.

Le Kremlin a souligné de son côté vendredi que les négociations « concernaient uniquement l’échange » et ne mettaient pas fin à la « crise » entre les deux pays, dont les relations sont « toujours dans un état déplorable ».

« C’est le fruit de négociations et de la recherche de compromis. En l’espèce, on a trouvé un compromis et nous ne refusons pas de poursuivre ce travail à l’avenir », a déclaré vendredi Vladimir Poutine lors d’une conférence de presse en marge d’un sommet au Kirghizstan.

Lisez Poutine croit « possibles » d’autres échanges de prisonniers avec Washington

Un autre Américain détenu en Russie, Paul Whelan, n’a pas été inclus dans l’échange. M. Kirby a déclaré vendredi que les États-Unis continuaient à travailler avec Moscou pour rapatrier cet ancien militaire, condamné à 16 ans de prison pour « espionnage », une condamnation qu’il dénonce comme fabriquée de toutes pièces.

PHOTO MAXIM SHEMETOV, ARCHIVES REUTERS

Paul Whelan

« Marchand de mort »

Brittney Griner a été arrêtée en février alors qu’elle avait été engagée par l’équipe russe de Ekaterinbourg, pendant l’intersaison américaine, une pratique courante.  

En août, elle avait été condamnée à une peine de neuf ans d’emprisonnement puis, après le rejet de son appel, avait été transférée en novembre dans une colonie pénitentiaire dans le centre de la Russie.

Ses soutiens ont toujours dénoncé une prise d’otage pour marchander avec Washington en plein conflit en Ukraine.

Le nom de Viktor Bout avait été évoqué dès l’été. Célèbre trafiquant d’armes russe, arrêté en Thaïlande en 2008, il avait été condamné à une peine de 25 ans de prison aux États-Unis.

Viktor Bout a atterri jeudi en Russie, selon une chaîne de télévision publique russe. Dans une interview au média russe RT vendredi, cet ancien officier soviétique a accusé l’Occident de vouloir « détruire » et « diviser » la Russie.  

PHOTO MÉDIA D’ÉTAT RUSSE, FOURNIE PAR AGENCE FRANCE-PRESSE

Viktor Bout (à droite)

Surnommé le « marchand de mort », son parcours hors du commun a servi d’inspiration au film Lord of War avec Nicolas Cage.  

Américains et Russes s’accusent mutuellement de détenir leurs ressortissants respectifs à des fins politiques. Plusieurs échanges de prisonniers ont eu lieu par le passé.